Intervention de Giandomenico Magliano

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2014 à 15h05
Institutions européennes — Audition de M. Giandomenico Magliano ambassadeur d'italie en france

Giandomenico Magliano, ambassadeur d'Italie en France :

Nos politiques sont diverses, mais liées par un principe de cohérence. Elles répondent à trois priorités seulement : la croissance et l'emploi, la démocratie et la sécurité, enfin un rôle accru de l'Europe dans le monde - du blé, du poisson, de la viande, un menu que l'on peut décliner. Cet ensemble équilibré autorise des choix politiques, par exemple sur le degré de flexibilité ; celle-ci est indispensable : qu'un pays y oppose son veto serait une impasse majeure pour l'Europe.

Quant à l'Europe sociale, son but principal est d'arrêter la progression du chômage, en particulier de celui des jeunes. Le travail technique qu'implique cet objectif est complexe, car nos systèmes sociaux et nos marchés du travail sont très différents. L'Italie a entrepris de réformer le sien pour y introduire plus de flexibilité. Si nous nous entendions sur des schémas européens, nous pourrions peut-être éviter les effets cycliques de nos amortisseurs sociaux.

Il demeure difficile d'harmoniser nos cultures, en particulier lorsqu'il s'agit de politique industrielle et de politique de la concurrence. Le commissaire Tajani a accompli un travail remarquable, mais sa compétence transversale s'est heurtée à des structures verticales peu intéressées par l'économie réelle. La question de la conciliation entre concurrence et croissance des entreprises ne trouve pas de réponse unanime. Le débat est quotidien entre pays producteurs qui souhaitent protéger leurs entreprises et pays acheteurs partisans d'une très grande ouverture. La présidence italienne entend assumer sa responsabilité mais elle est confrontée à des positions antagonistes.

Le monde a changé : ce qui était, il y a quarante ans, un abus de marché ou une position dominante en Europe ne représente plus rien à l'échelle du marché mondial. La défense européenne suppose elle aussi un appareil productif assurant son indépendance ; or nous ne sommes pas autonomes dans différents domaines, par exemple pour certaines technologies de défense.

La position italienne veut allier courage et ambition : ne pas reculer devant les difficultés, ne pas se contenter de changements marginaux lorsque des changements de structure s'imposent.

Il y a des mécanismes financiers pour puiser des liquidités sur les marchés, mais ils ne sont pas utilisés. La présidence italienne y travaillera, sans épuiser la tâche en six mois. De même, l'union bancaire est une belle construction, un choix audacieux de l'Europe, mais sa réalisation est trop lente. Nous ne parlons pas de cathédrales dont la construction demande des siècles. L'union bancaire aurait dû être faite en un an, non en trois : cette lente construction est moins convaincante pour les marchés, moins performante, et un peu baroque. Sachons faire plus simple et plus rapide pour l'union économique et monétaire. Le temps n'est pas une variable indépendante...

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