Intervention de Giandomenico Magliano

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2014 à 15h05
Institutions européennes — Audition de M. Giandomenico Magliano ambassadeur d'italie en france

Giandomenico Magliano, ambassadeur d'Italie en France :

La question de l'assurance chômage est inscrite à l'agenda du Conseil sur l'emploi du 17 juillet. C'est un domaine dans lequel on peut poser l'équation entre norme sociale et norme de croissance. Nous nous y emploierons avec beaucoup de conviction.

Quant au smic européen, les gouvernements italiens de tous bords ont évité le sujet car, dans notre système, un salaire minimum aurait entraîné de lourdes conséquences budgétaires, inenvisageables à l'heure où nous nous efforcions de ramener notre déficit à 3 %. Désormais entrés dans une phase vertueuse, nous sommes en mesure d'étudier la manière dont notre système social pourrait garantir un salaire minimum. Le Parti Démocrate en examine la possibilité. Dès lors qu'existera une convergence entre les systèmes sociaux européens, les évolutions seront plus faciles.

Quant à l'élargissement, l'Italie, depuis le traité de Rome, a toujours été fédéraliste. Nous sommes d'autant plus favorables à un fédéralisme léger que nous savons qu'il repose non sur des cessions, mais sur des transferts de souveraineté ordonnés autour du bien commun. Nous n'avons jamais été tentés par la position alternative, défendue notamment par le Royaume-Uni, de demander un élargissement accompagné d'une dilution. La famille européenne comprend toute l'Europe, et tout pays européen a le droit d'y accéder, pourvu qu'il respecte les critères de Copenhague. Moins il y a de trous sur la carte de l'Union, moins elle est exposée à des risques.

La perspective de l'intégration est en général un facteur de progrès ; gardons-nous cependant de donner des illusions qui auraient un effet boomerang sur le pays concerné. Les pays candidats (Turquie, Serbie, Monténégro, Macédoine et Albanie) ont à notre avis vocation à entrer dans la famille, mais les négociations doivent progresser chapitre par chapitre. Nous voudrions accélérer celles en cours avec la Turquie, de crainte de voir celle-ci régresser. L'Italie a beaucoup aidé l'Albanie dans les années 1990 et 2000, et, même si beaucoup reste à faire, y a rendu possibles des progrès considérables qui justifient pleinement que ce pays soit candidat à l'intégration. Si l'élargissement doit se poursuivre, il n'est cependant pas près d'aboutir ; nous avions donné le feu vert à la Turquie il y a longtemps, sans ouvrir la négociation sur tous les chapitres.

Quant à la politique d'immigration, l'Italie n'a pas de plan tout fait à présenter. Il manque le sentiment que les frontières nationales sont des frontières européennes : la Méditerranée devrait avoir la même importance pour les Baltes que la frontière de la Pologne avec l'Ukraine en a pour moi. Si nous souhaitons modifier le droit d'asile, nous ne sommes pas parvenus à inscrire à l'agenda stratégique la formule que nous proposions. En l'absence d'un dispositif européen pour quadriller la Méditerranée, notre marine conduit l'opération Mare nostrum et sauve tous les jours des migrants. Que faire de ces flux de réfugiés ? Comment lutter contre les trafiquants ? Une stratégie concertée est indispensable pour mettre fin à leur activité, de même qu'est nécessaire une politique européenne pour agir en amont contre la pauvreté, en Érythrée notamment. Cette action ne relève pas uniquement de la responsabilité des ministres de l'immigration, mais également de ceux des affaires étrangères, de la justice, de l'intérieur, de la coopération et du développement... À l'Europe de développer un plan global pour répondre au problème de l'immigration. Seule une impulsion politique pourra mobiliser en ce sens des administrations cloisonnées. La présidence italienne souhaite l'élaboration d'une telle politique européenne, qui soit ensuite déclinée de façon cohérente. (Applaudissements)

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