Intervention de Eric Allain

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 juillet 2012 : 1ère réunion
Agriculture et pêche — Droits de plantation de la vigne - Audition de M. Eric Allain directeur général des politiques agricole agroalimentaire et des territoires membre du « groupe à haut niveau sur le vin »

Eric Allain, directeur général des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires au ministère de l'agriculture :

Les Etats membres qui ne produisent pas de vin ou en produisent en quantités faibles sont pour la plupart libéraux. Leur approche est idéologique : sans caricaturer leurs propos, tout doit être piloté par le marché. Le respect de critères sociaux et environnementaux ? Peu leur importe. Nous devons trouver un point de sortie avec eux en maintenant une régulation du potentiel de production, tout en acceptant que celle des pays capables de prendre de nouveaux marchés croisse un peu. Ce point fait désormais consensus en France.

Monsieur Gaillard, la France souhaite le maintien d'une régulation pour les vins, quels qu'ils soient. Pourquoi ? Parce que les compartiments ne sont plus étanches dans le marché du vin. Sauf peut-être pour le champagne, le roi des vins et le vin des rois ! Que les élus de l'Aquitaine n'en prennent pas ombrage, la concurrence est rude sur certains segments entre vins avec appellation et vins sans appellation. Il faut donc maintenir les droits pour tous à moins de mettre en péril les 50 % de la production viticole française sous signe de qualité.

Monsieur Gattolin, les aspects environnementaux font partie du cahier des charges européen, non de la régulation de la mise sur le marché qui est l'objet des négociations. En revanche, la Commission, pour établir le rapport d'évaluation de l'OCM vitivinicole, a interrogé les Etats membres sur les effets de la fin des droits de plantation. Avec d'autres, nous avons fait valoir les conséquences environnementales et sociales lourdes de cette réforme : un appauvrissement de la filière, un nivellement par le bas, la destruction des paysages. Le vignoble alsacien de 15 000 hectares, qui est historiquement remonté sur les coteaux, fait vivre 2 000 agriculteurs et l'industrie touristique. Si l'on levait les restrictions, 100 viticulteurs produiraient les mêmes quantités dans la plaine. Une catastrophe pour l'économie des coteaux et la beauté des paysages ! Nous avons sollicité les experts les plus réputés pour appuyer ce constat largement partagé par les pays producteurs, mais moins par nos amis libéraux.

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