Merci, Monsieur l'Ambassadeur, pour ce propos lucide et sans complaisance : c'est beaucoup plus agréable ainsi. Vous avez parlé du scepticisme allemand, mais, hélas, ce scepticisme est général au moment même où la crise que nous vivons, et le déclin de l'Europe qui ne fait que s'accentuer, devraient provoquer, au contraire, un sursaut en faveur du renforcement de la construction européenne. Il n'en est rien et la récente visite du Président chinois à Paris, puis à Lisbonne, trahissait ouvertement cette situation. Croyez bien que j'aurais préféré que cette visite ait été faite à l'Union européenne et en présence de Mme Merkel et des représentants européens.
Ma première question concerne cette formule de la Cour de Karlsruhe : so lange... aussi longtemps que l'Union ne sera pas organisée comme une fédération, chaque nation aura pour devoir de veiller à la défense des droits fondamentaux... Est-ce bien ainsi qu'il faut comprendre ?
Je m'interroge ensuite sur la question irlandaise et j'aimerais savoir si l'Allemagne jugera, comme nous, qu'il faut enfin faire comprendre à l'Irlande que son comportement, qu'il s'agisse du taux de son impôt sur les sociétés comme des aménagements qu'elle a exigés qu'on fît au traité de Lisbonne, n'est plus de saison et doit maintenant cesser ? L'Allemagne est-elle prête à continuer à aider l'Irlande sans exiger de sa part des engagements sérieux ?
Enfin, pour faire avancer l'Europe, les petits arrangements à quelques-uns - qu'on appelle aussi d'un mot plus institutionnel : les coopérations renforcées - ont quand même leur mérite et je m'interroge sur le fait que l'on dise que Mme Merkel n'y serait pas favorable et qu'elle ne voudrait pas non plus que le couple franco-allemand apparaisse trop ouvertement comme le leader européen.