Intervention de Didier Marie

Commission des affaires européennes — Réunion du 29 octobre 2015 à 8h30
Économie finances et fiscalité — Plan d'aide à la grèce : communication de m. simon sutour

Photo de Didier MarieDidier Marie :

La situation grecque reste difficile. La Grèce pourra-t-elle appliquer la totalité de l'accord ? Elle a fait le plus facile, même si c'était douloureux : augmenter la fiscalité sur les catégories populaires. La mise en place d'une taxe sur le foncier soulève bien des réticences, et les catégories socio-professionnelles visées par de nouvelles taxes commencent à se mobiliser. On annonce des privatisations, encore faut-il des acquéreurs, à un prix acceptable ! La réforme de l'État n'est à ce jour pas engagée, or la tâche est immense. Quant à la réforme fiscale, elle se heurte à de nombreux obstacles techniques.

Ma deuxième inquiétude porte sur l'insuffisante évaluation de l'impact des mesures imposées à la Grèce. Relanceront-elles l'économie ou auront-elles un effet récessif ? Personne ne peut certifier que cet accord se traduira par une sortie de crise de la Grèce.

Troisième inquiétude, la soutenabilité politique et populaire de l'accord. Le Premier ministre grec a certes dégagé une majorité, mais Nouvelle démocratie, la formation de centre droit qui gouvernait le pays jusqu'en 2015 et qui a perdu les élections, est aujourd'hui à contre-emploi, et dénonce une partie des mesures gouvernementales, jugées récessives. Malgré une certaine résignation, on voit poindre des mécontentements sectoriels qui se radicalisent. L'allongement de la durée du travail jusqu'à 67 ans sous peine d'importantes décotes réveille les inquiétudes des retraités déjà fortement touchés. Il faut souhaiter qu'Alexis Tsipras garde une majorité, mais le bateau tanguera.

Il en découle une triple exigence : suivre de près la situation pour anticiper de nouvelles crises entre la Grèce et ses partenaires ; apporter l'aide technique, si la Grèce le souhaite, de l'Union européenne et des pays membres pour mettre en place le plan de réformes ; aborder rapidement la question de la renégociation de la dette, sans quoi la Grèce aura du mal à s'en sortir. C'est une question économique, mais surtout politique : sans cette perspective, la résolution de la crise sera très fortement handicapée.

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