Concernant l'usage du français, il faut voir la réalité telle qu'elle est. Je suis déjà assez ancien au sein des services de la Commission, et j'ai vécu les étapes de l'évolution linguistique. Le français a été la langue diplomatique jusqu'aux années 50 et a été une langue d'usage jusqu'à la présidence de Jacques Delors. Il y a eu incontestablement un déclin. Le premier tournant a été l'adhésion de 1995 (Autriche, Suède, Finlande) qui a entraîné un basculement des usages. Le deuxième tournant a été les adhésions de 2004. Dix nouveaux membres. L'anglais s'est imposé. La France a « raté le coche ». Le français n'a pas disparu pour autant. À la Commission, les textes sont travaillés et adoptés en trois langues (anglais, français, allemand). L'adoption formelle après le processus législatif est toujours en 23 langues.
Risque-t-on de céder aux États-Unis ? Les deux ensembles sont de taille comparable et savent défendre leurs intérêts. Pour ce faire, il faut aussi comprendre les objectifs du partenaire et établir une relation de confiance. Mais le prétendu abandon des positions européennes et la naïveté des négociateurs européens sont des légendes. Nous conclurons quand la négociation sera mûre.