Je rejoins Simon Sutour. S'il a fallu chercher une solution à une situation devenue intenable en Grèce, c'est parce que l'Union à vingt-huit a été incapable de définir une politique commune et que certains pays comme la Hongrie ou l'Autriche ont entrepris unilatéralement de fermer leur frontière, incitant les pays des Balkans à faire de même.
Le fait est que le moment est loin d'être le meilleur pour passer un accord avec la Turquie. Peut-on réellement faire confiance à M. Erdogan ? La pression va être très forte sur la contrepartie des visas. Car la question fondamentale, pour le président turc, n'est pas celle des trois ou six millions d'euros promis, mais bien celle-là. La France sera-t-elle à même d'y résister ? Nous verrons.
Quelle sera l'efficacité d'un accord par lequel on traite l'effet sans traiter la cause ? Fermer une route ne règlera pas le problème. On va très probablement voir se rouvrir la route libyenne, à un moment où la Libye a besoin de stabilité, mais aussi se développer la route de l'Adriatique, sans parler d'autres voies que l'on ne soupçonne pas encore. Faudra-t-il, à chaque fois, trouver un accord avec des pays qui sont loin de partager nos valeurs ?
Quant aux modalités de cet accord, elles ont de quoi surprendre. Échanger un migrant contre un autre dans le respect du droit international, selon un traitement individualisé ? C'est là une idée qui demandera beaucoup d'investissement et de temps.
Pour toutes ces raisons, le groupe CRC a demandé et obtenu la création d'une mission d'information, qui se mettra en place à la fin du mois. Il ne s'agit pas de donner des leçons, mais de permettre au Parlement de jouer son rôle de contrôle. On sent bien que cet accord ne suffira pas à régler la question et qu'il faut approfondir sérieusement la réflexion.