Je partage beaucoup des inquiétudes exprimées et m'inquiète de l'effet contagieux sur les pays des Balkans candidats à l'adhésion. Alors qu'ils ont à juste titre le sentiment d'avoir été laissés un peu seuls face à l'afflux de réfugiés, ils nous voient traiter avec la Turquie sans poser beaucoup d'exigences.
Fermer les yeux en demandant à la Grèce de considérer la Turquie comme un pays tiers sûr, où l'on peut tranquillement renvoyer un certain nombre de réfugiés, revient à considérer que la situation interne de la Turquie n'est pas si dramatique que cela. Si l'on n'est pas ferme sur l'État de droit, comment, après cela, adresser des remarques à la Hongrie ou à la Pologne ? La realpolitik, c'est constater des différences tout en identifiant des intérêts communs avec l'autre partie, permettant d'agir de concert. Or, cet accord fait tout le contraire. Chaque entité a intérêt à l'accord, certes, mais pour des raisons différentes et avec des objectifs différents. Cela ne fera qu'aggraver les incompréhensions. Il suffit de comparer ce qui s'écrit dans la presse européenne sur la Turquie et ce qui s'écrit dans la presse turque sur l'Europe pour comprendre que l'on diverge de plus en plus. Ce que disent de l'accord les responsables turcs est préoccupant. Comment, face à de tels décalages, espérer régler ensemble un problème ? Sans compter que pour les Balkans, il est d'autant plus déconcertant de constater que la même semaine où cet accord est signé, la Cour pénale internationale acquitte M. Vojislav Seselj.