Intervention de Harlem Désir

Commission des affaires européennes — Réunion du 6 avril 2016 à 17h05
Institutions européennes — Audition de M. Harlem Désir secrétaire d'état chargé des affaires européennes sur les conclusions du conseil européen des 17 et 18 mars

Harlem Désir, secrétaire d'État aux affaires européennes :

C'est pourquoi nous plaidons pour une mise en oeuvre d'ensemble : un contrôle fort aux frontières communes, une solidarité avec les États confrontés à une situation d'urgence, passant par des moyens humains et des relocalisations, lesquelles ne doivent pas pour autant créer un appel d'air. Veillons à la cohérence de ce que nous mettons en oeuvre.

Notre système d'asile a sans doute besoin d'évoluer. Cela passe par une évolution du règlement de Dublin mais ce n'est là qu'un aspect. Il faut aussi que les listes des pays sûrs soient les mêmes - on a déjà avancé en ce sens, notamment pour les pays des Balkans, ce qui règle en grande partie le problème des demandes d'asile injustifiées en provenance d'Albanie ou du Kosovo ; au reste, les pays des Balkans en sont d'accord, et considèrent que ce n'est pas de cette façon que doit se régler la question de la liberté de circulation avec l'Union européenne. Les règles d'asile doivent également être harmonisées et une réflexion engagée sur les politiques d'immigration. Car l'existence de nettes différences entre les États membres dans les règles sociales attachées aux demandes d'asile n'est pas sans effets secondaires, les migrants se dirigeant plus volontiers vers les États ou le traitement des demandes traîne en longueur, ou bien encore où la prise en charge est meilleure.

Si l'on veut gérer l'espace commun, préserver les acquis de la liberté de circulation de Schengen et être cohérents dans notre politique d'immigration et d'asile, nous devons rapprocher nos législations. La révision du règlement de Dublin n'est pas seule en cause, et notre dialogue avec l'Allemagne est appelé, sur ce point, à se poursuivre. La répartition automatique n'est pas la formule magique, il faut une cohérence d'ensemble. Y compris dans la coopération avec les pays tiers. Après le sommet de La Valette, nous devons nous assurer que l'on offre à ces pays, et en particulier aux pays d'Afrique, de vraies perspectives de codéveloppement et d'immigration légale. Au Sénégal, au Niger, en Éthiopie, ce n'est pas un problème d'asile qui se pose, mais bien d'immigration économique. Si l'on veut créer une alternative à l'immigration clandestine, il faut, là aussi, qu'existe une voie d'immigration légale. C'est une question majeure, sur laquelle l'Union européenne doit avancer.

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