Monsieur le secrétaire d'État, le pire malheur qu’un peuple puisse subir dans son histoire, c’est l’exil forcé hors de la terre natale.
La déportation imposée par de grandes puissances étrangères, c'est le sort qu’a connu le peuple chagossien, impitoyablement chassé de l’archipel des Chagos, situé en plein cœur de l’océan Indien, par la Grande-Bretagne et les États-Unis pour créer une base militaire américaine sur l’île de Diego Garcia.
Cette violation des droits humains a été perpétrée au tournant des années soixante-dix. Depuis un demi-siècle, les Chagossiens n’ont jamais cessé de revendiquer leur droit intangible de retourner vivre aux Chagos.
Après avoir procédé, en 1965, à l’excision de l’archipel des Chagos du territoire de Maurice, encore colonie britannique, la Grande-Bretagne a cédé, au moyen d’un bail stratégique, l’île de Diego Garcia aux États-Unis pour une durée initiale de cinquante ans, reconductible par périodes de vingt ans.
Les Chagossiens ont été abandonnés, déracinés et ont vécu misérablement dans des bidonvilles.
La série des procès intentés devant les tribunaux par Olivier Bancoult au nom du Groupe Réfugiés Chagos s’est tout d’abord soldée par des victoires reconnaissant les droits des Chagossiens, mais par une défaite au dernier acte, en 2008, à travers un jugement inique de la Chambre des Lords.
L’année 2016, cruciale, était celle du renouvellement du bail de Diego Garcia. Le gouvernement de Londres avait laissé nourrir l’espoir d’un avenant au bail permettant une réinstallation maîtrisée des Chagossiens aux Chagos. Il avait même commandé une étude de faisabilité sur les conditions du retour, qui avait conclu positivement.
Par ailleurs, Mme Theresa May s’était engagée en octobre 2016, à la veille de l’assemblée générale de l’ONU, à ouvrir la négociation avec Maurice et les Chagossiens.
Toutefois, au mépris de ces engagements, le 16 novembre dernier, Londres a brutalement opposé un non définitif à la revendication légitime des Chagossiens. Le bail liant la Grande-Bretagne aux États-Unis a été renouvelé que soit saisie l’occasion historique de réparer le crime.
Pour autant, la lutte des Chagossiens n’est pas brisée. Ils crient leur révolte et leur souffrance. Ce cri concerne toutes les personnes éprises de justice et de paix, à commencer par le gouvernement français, dont la valeur affirmée au plus haut a toujours été celle de la liberté des peuples.
Monsieur le secrétaire d'État, au vu de cette douloureuse histoire, le Gouvernement se décidera-t-il à défendre la cause chagossienne auprès de Londres et de Washington, et à plaider pour la seule réparation à la hauteur du mal commis, le retour effectif des Chagossiens aux Chagos ?