Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, la santé constitue aujourd’hui l’une des premières préoccupations des Français.
Ainsi, dans les Pays de la Loire, lors de l’élaboration du pacte « ruralité » de juin 2016, ce fut, avec l’accès au numérique, la deuxième préoccupation citée. Cela a conduit le conseil régional, même si la santé ne constitue pas l’une de ses compétences obligatoires, à élaborer un plan d’accès à la santé partout et pour tous comprenant quinze mesures et adopté au mois de décembre dernier.
Le présent débat est pour moi l’occasion de l’évoquer dans ses aspects relatifs aux professionnels paramédicaux.
Face à des besoins croissants – forte natalité, vieillissement accéléré de la population –, on a constaté une double fracture sanitaire, avec une tension tant sur les effectifs que sur les conditions d’exercice des professionnels de santé de proximité, ce dans les zones rurales, périurbaines et même dans certains quartiers de ville.
De plus, l’exercice des professionnels de santé dans les territoires est modifié, avec la recherche d’un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, la volonté de travailler en réseau, les évolutions technologiques – télémédecine, médecine prédictive et personnalisée – et le passage d’un système de santé centré sur la logique curative à un système plus soucieux de prévention. La révolution numérique en cours va évidemment renforcer un exercice pluriprofessionnel au service d’un patient davantage responsabilisé.
L’enjeu principal pour les élus est d’encourager le maintien et l’installation durable des professionnels de santé dans les territoires qui en manquent aujourd’hui ou qui en manqueront demain, en coordination avec les nombreux acteurs déjà fortement mobilisés.
La loi HPST avait déjà institué une approche globale de la prise en charge du patient. Le rôle du médecin généraliste est donc renforcé en tant qu’acteur pivot de première ligne. Mais il convient de ne pas se focaliser uniquement sur les généralistes, dans la mesure où leur travail est en forte interaction avec les autres professions de santé – infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, sages-femmes, etc. – et le secteur médico-social. La démographie est très variable selon la profession concernée. En Pays de la Loire, les sages-femmes formées seraient très, voire trop nombreuses !
À cet égard, notre plan régional s’appuie, entre autres, sur plusieurs leviers.
Il s’agit, tout d’abord, de stimuler les innovations, celles qui touchent l’organisation des modes d’exercice des professionnels de santé comme les innovations numériques et technologiques permettant de contribuer à mettre la santé digitale au service des patients.
Les maisons de santé pluriprofessionnelles constituent ensuite une réponse à l’évolution des modes d’exercice souhaitée. Mais sans diagnostic ni organisation préalable des élus et des professionnels autour des priorités de santé d’un territoire, les initiatives et investissements sont voués à l’échec, comme en témoignent certaines maisons de santé pluriprofessionnelles devenues des coquilles vides. Cela demande du temps, de l’énergie et de la méthodologie qui font parfois défaut sur certains territoires, notamment fragilisés. Par ailleurs, le maintien d’une dynamique pluriprofessionnelle n’est jamais acquis, ce qui requiert aussi un soutien à certaines démarches déjà engagées nécessitant d’être confortées ou redynamisées.
Nous allons également sensibiliser les lycéens ligériens, en particulier ceux qui sont issus du monde rural, pour encourager la diversification des profils des futurs étudiants en santé et les inciter, à terme, à exercer en milieu rural. Nous envisageons aussi, dans les lycées et centres d’apprentissage, des interventions d’étudiants en médecine ou en formation paramédicale, en partenariat avec l’ONISEP.
Le quatrième levier repose sur la formation. Un bon maillage des instituts de formation sanitaire et sociale permet aux jeunes et aux adultes intéressés par ces métiers, mais confrontés à des problèmes de mobilité, de pouvoir s’engager dans ces formations qui peinent de plus en plus à recruter. Il permet aussi aux employeurs locaux de pouvoir tisser des relations avec ces instituts et de faciliter ainsi l’accueil en stage puis le recrutement.
Les futurs soignants doivent être sensibilisés dès leur formation à l’exercice pluriprofessionnel : partage de locaux entre filières de formation différentes, cours en commun, partage de formateurs et de lieux de stage, événements organisés en commun…
À titre d’exemple, je citerai la mutualisation des moyens et des ressources, y compris des locaux, sur l’agglomération du Mans, le pôle de formation de Laval regroupant en un même bâtiment plusieurs filières de formations sanitaires et sociales, ou encore la coopération renforcée entre l’université d’Angers et les instituts de formation en soins infirmiers du Maine-et-Loire pour des temps de formation communs.
La région conditionne aussi son soutien aux maisons de santé à l’accueil de stagiaires étudiants en médecine ou en instituts de formation sanitaire.
La prise en compte du vieillissement constitue le cinquième levier. Les territoires dont l’offre de santé et de proximité est la plus fragilisée sont bien souvent ceux qui comptent une population vieillissante plus importante que la moyenne, entraînant des besoins de soins et de prévention croissants.
Le gérontopôle Autonomie Longévité des Pays de la Loire est un pôle de compétences pluridisciplinaire, qui mène notamment des actions en matière de formation universitaire, mais aussi de formation professionnelle initiale et continue.