Il y a quelques semaines, l’assemblée générale des maires des Côtes-d’Armor avait pour thème la désertification médicale. Devant le président du conseil régional de l’Ordre des médecins, les élus ont soutenu vivement le premier vice-président du conseil départemental, qui demandait avec force et vigueur que soit remise en cause la liberté d’installation.
Ce n’est pas ce que je propose. En revanche, il n’est plus acceptable que profession, Ordre et syndicats n’acceptent pas a minima que nous arrêtions d’autoriser de nouvelles installations de médecins conventionnés dans les secteurs géographiques de notre pays qui sont surdotés. Ceux-ci devraient être délimités, bien entendu en étroite collaboration avec la profession, et réactualisés chaque année.
Il y a, bien sûr, les maisons de santé pluridisciplinaires, mais elles ont un coût, supporté par les collectivités. Il est également impératif d’en déterminer les règles, sûrement à l’échelon de l’intercommunalité, afin d’éviter tout saupoudrage ou locaux vides, bien entendu en étroite collaboration avec les professionnels.
Il faut aussi que les professions paramédicales puissent se voir reconnaître le droit de pratiquer tout acte qui ne nécessiterait pas l’intervention et la compétence d’un médecin.
L’article 119 de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 prévoit ainsi l’extension des compétences des professions paramédicales. Mais il faut un décret d’application, dont la parution est aujourd’hui très attendue. Il serait, paraît-il, reporté en 2018… Pourquoi ?
J’évoquerai en particulier le rôle des infirmiers et infirmières, qui sont soumis depuis 2008 à des règles contraignantes d’installation sur le territoire permettant une couverture homogène.
Former des infirmiers et des infirmières cliniciens en formation initiale ou continue pour les professionnels en activité permettrait d’assurer des tâches aujourd’hui dévolues aux médecins, lesquels se concentreraient sur les actes essentiels de la médecine.
Des pays anglo-saxons et scandinaves ont poussé plus loin la logique de coopération. Le bilan des dispositifs en question en termes d’accès aux soins et de prévention est très positif, pour la plus grande satisfaction des usagers.
Je veux maintenant ouvrir une réflexion sur ce que pourraient faire les médecins coordonnateurs des EHPAD. Les généralistes conservent leurs patients dans un grand nombre de ces établissements, et c’est sûrement bien ainsi, notamment pour le patient. Mais ne pourrait-on pas envisager que le médecin coordonnateur, en lien avec le médecin généraliste, puisse faire des renouvellements d’ordonnance dès lors qu’il n’y a pas lieu de changer la prescription, d’y ajouter ou d’en retirer des médicaments ?
Il y a des mesures simples et concrètes à prendre immédiatement ! C’est une question de bon sens et de volonté.
Je veux enfin insister sur la nécessité de laisser une certaine souplesse d’organisation aux acteurs sur le terrain, en évitant tout dogmatisme ou tout corporatisme qui, pour le moment, contribue à empêcher d’apporter des solutions rapides à la désertification médicale.