En 2016, le marché mondial des mobiles d'occasion devrait représenter 120 millions d'unités, contre 80 millions en 2015, soit une croissance de plus de 50 %. Le marché des mobiles reconditionnés représentera 17 milliards de dollars en 2016, soit plus de 55 % de croissance.
Le marché français des mobiles neufs est estimé à 24 millions d'unités vendues et celui des mobiles d'occasion de 4,5 à 6 millions d'unités. Depuis un an, les grandes surfaces réalisent plus de 50 % des ventes de mobiles.
Le marché de l'occasion, en croissance, représente 15 % à 20 % du marché global des mobiles - barphones, smartphones et phablettes. Les sites de petites annonces représentent plus de 48 % de la distribution, les market places (les intermédiaires de distribution) 20 %, les enseignes de vente et d'achat spécialisé 18 %, les pure players du web 10 % et la grande distribution 5 %.
Le marché français de l'occasion est en retard : 42 % de nos concitoyens ne sont pas prêts à revendre leurs produits usagés. Ce pourcentage est inférieur à 40 % en Angleterre et en Espagne. Par ailleurs, 47 % des consommateurs français ne sont pas prêts à acheter un téléphone portable d'occasion - 39 % en Angleterre et 35 % en Espagne. Les freins à l'appropriation des produits d'occasion sont grands. Le rapport qualité-prix est à cet égard important. Mais le frein principal est la préférence pour les produits neufs.
Le marché de l'occasion est donc concurrencé par les produits neufs low cost fabriqués à l'autre bout de la planète.
J'en viens aux volumes par canaux. Les produits destinés au recyclage, c'est-à-dire essentiellement les barphones et les mobiles sans grande valeur, représentent en France 500 000 unités. Quant aux produits collectés auprès d'opérateurs, ils représentent 800 000 unités, dont 100 000 pour les pure players et 350 000 pour la revente entre particuliers.
Il existe quatre canaux de collecte : les boutiques spécialisées, les sites web dédiés à la reprise ou au rachat de téléphones usagers, les flottes d'entreprises, les téléventes. Chaque canal est connecté à un système de logistique inverse plus ou moins mutualisé. Les produits sont ensuite testés avant d'être aiguillés vers la réparation ou le recyclage. Ceux qui auront de la valeur après réparation sont reconditionnés et distribués via quatre types de canaux : les opérateurs ou spécialistes de la téléphonie ; les market places et les grossistes ; les spécialistes de la vente d'occasion ; la vente dans des pays où existe une véritable culture de l'occasion.
Pour favoriser le développement en France des filières de reconditionnement, nous proposons, tout d'abord, une solution fiscale. La fiscalité de l'occasion repose sur le régime de la TVA sur marge. Prenons l'exemple d'une marge de 100 euros réalisée sur la vente d'un téléphone portable au prix de 200 euros. Cette marge est grevée par les coûts très importants que représentent le reconditionnement, la logistique et la rémunération des vendeurs intermédiaires. Or ces coûts ne sont pas pris en compte puisque la TVA sur marge s'applique à l'ensemble de ces 100 euros. Pour développer une véritable filière industrielle, autofinancée, nous préconisons une réduction de l'assiette prise en compte pour calculer le montant de cette marge. Cette préconisation est d'ailleurs valable pour l'ensemble des filières de reconditionnement, et pas seulement pour celle de la téléphonie : mobilier, produits électroniques, etc.
Cette solution permettrait aux acteurs concernés d'autofinancer des investissements, voire de réduire le prix de vente, et d'être ainsi compétitifs face à la filière des produits neufs low cost.
Un autre point important est la réassurance des consommateurs.
Pour faire sortir les téléphones portables usagers des tiroirs, il faut donner aux utilisateurs, particuliers ou entreprises, la garantie que ces produits seront valorisés (valeurs d'usage et financière) et auront une deuxième vie. Le label certifié recyclé permet de garantir cette optimisation de la valeur, voire un recyclage correct si l'objet n'a plus de valeur.
Il faut aussi donner confiance au consommateur désireux d'acheter un produit d'occasion : tel est l'objet du label certifié reconditionné.
On sait qu'un Français sur deux prend en compte les problématiques environnementales et sociales lorsqu'il achète un produit. Il convient, à cet égard, d'insister sur l'enjeu environnemental que représente le réemploi des téléphones portables. La production d'un téléphone portable de 100 grammes représente une ponction de 20 kilos de matières premières primaires. Pour reprendre le postulat d'un membre de notre fédération, il nous faut amortir ce « sac à dos écologique » le plus longtemps possible pour économiser ces ressources rares. Cette préoccupation rejoint une demande de fond des consommateurs qui veulent s'impliquer dans le développement durable tout en bénéficiant des facilités offertes par le e-commerce et changer de téléphone à bon prix.
Notre fédération a créé son label pour développer un système d'amélioration continue. Nos membres peuvent ainsi évaluer leurs pratiques et définir des axes de progression sur trois niveaux : collecte et recyclage ; reconditionnement et réparation ; revente et mode de distribution. Les professionnels ont en effet l'obligation d'apporter une garantie aux consommateurs et utilisateurs de produits d'occasion en définissant une logique industrielle et de service. Il faut, selon nous, que l'occasion quitte le secteur informel pour gagner ses lettres de noblesse. Un produit réparé doit avoir autant de valeur pour le consommateur qu'un produit neuf qui vient de l'autre bout du monde.
Voilà pourquoi nous avons voulu, aidés par un spécialiste mondial de la certification, créer ce nouveau label.