En tant que Fédération des acteurs du réemploi, nous avons écrit aux députés européens pour leur demander d'amender la directive-cadre sur les déchets. Nous souhaitons en effet leur faire prendre conscience de l'importance du réemploi, une notion qui n'est pas actuellement définie. On ne sait pas s'il est situé au-dessus du recyclage au sein de la filière déchets, comme le prévoit la directive, et si cette position est assumée. Nous insistons sur le fait qu'il faut respecter cette hiérarchie.
Il est aberrant que tant de place soit accordée aux acteurs qui détruisent et broient les produits en mélange, ce qui est un frein à l'activité des membres de notre fédération. Mieux vaudrait construire des filières mono-produit, afin de réaliser des économies d'échelle et de structurer les acteurs industriels.
La filière française est aujourd'hui fortement concurrencée par des acteurs anglais et américains, lesquels ont réalisé d'importantes économies d'échelle dans leurs pays respectifs. Ils n'ont pas eu, de fait, à subir la concurrence d'éco-organismes qui collectent des produits en mélange plutôt que de les aiguiller vers des industriels de la réparation et du réemploi.
Il est nécessaire de replacer le réemploi avant le recyclage dans la hiérarchie de la filière déchets et de confier cette tâche à des acteurs spécialisés, qui travaillent avec des professionnels formés. Ils ont en effet investi temps et argent pour construire cette filière visant à réparer, démanteler, sauver des pièces détachées, mettre sur le marché des produits reconditionnés. Nous sommes aujourd'hui à un tournant. Or le sujet de l'occasion est encore très peu traité au niveau réglementaire. Il y a peu, ce secteur était encore considéré comme informel ou relevant d'associations qui n'ont pas pu ou su professionnaliser cette activité.
Grâce à des start-up, des associations et des industriels visionnaires, nous faisons bouger les choses. Au niveau international, on avance des chiffres en milliards de dollars. Les montants sont également importants à l'échelle de la France. Ce secteur est source de création d'emplois et de valeur. Maintenir une industrie française et européenne de la réparation nous évitera d'importer des produits fabriqués à l'autre bout du monde.
Il conviendrait enfin d'inciter les acteurs européens du réemploi à se regrouper, sous l'égide des différents États. Cela nous permettrait de poursuivre notre travail collaboratif de développement des bonnes pratiques. C'est à l'échelle européenne que nous serons à même de faire face à la concurrence des acteurs étrangers du secteur.