Intervention de René-Louis Perrier

Mission d'information inventaire et devenir des téléphones mobiles — Réunion du 18 juillet 2016 à 17h05
Audition de M. René-Louis Perrier président de l'éco-organisme ecologic

René-Louis Perrier, président d'Ecologic :

Ecologic est une petite structure dont le métier est d'atteindre des objectifs de collecte fixés par les pouvoirs publics. En tant qu'éco-organisme, nous ne sommes pas capables de gérer un investissement massif dans une industrie lourde et de créer un centre tel Umicore. Nous ne sommes pas compétents dans ce domaine.

La filière des DEEE a permis le développement d'une dizaine de centres de traitement de réfrigérateurs ou de petits appareils, mais ils sont pilotés par Veolia, SITA ou Derichebourg, dont c'est le métier. Notre rôle est uniquement d'orienter les flux vers ces acteurs, mais ce sont eux qui procèdent aux investissements. L'affinage est un métier très difficile, exercé seulement par une dizaine d'entreprises dans le monde, essentiellement en Europe et au Japon.

Enfin, le risque d'une approche monopolistique, centralisée, comme celle d'Éco-mobilier, c'est que, en l'absence de concurrence, elle ne débouche sur des solutions moins optimales que celles de nos camarades européens, qui, eux, travaillent sur un marché plus ouvert. Dans la filière DEEE, l'éco-organisme qui s'occupe du photovoltaïque envisage d'investir dans des unités de traitement en France.

Il est possible de créer un concurrent d'Umicore, à condition d'en avoir les moyens. Il faut que, à moyen ou long terme, cette entreprise soit compétitive et que son rendement soit supérieur à celui d'Umicore, sinon on ne lui rendra pas service. On aura juste rapatrié un peu de valeur en France, ce qui est certes intéressant. Pour que cette entreprise soit compétitive, j'y insiste, il lui faut un concurrent. Elle ne doit pas être seule et décider de manière totalement autonome de ses investissements.

Le défaut des filières REP, c'est qu'elles constituent souvent des monopoles. À cet égard, Ecologic fait figure d'exception, car elle est en concurrence avec la société Eco8systèmes, dont elle est un petit concurrent. Cette tendance au monopole peut assécher le dispositif en termes industriels. Il faut donc être prudent.

Il faut aller dans la direction que vous évoquez, c'est une bonne idée, en gardant toutefois en tête que si vous favorisez une solution unique, vous n'aurez aucun point de comparaison vous permettant de vous assurer que le chemin suivi est le bon. On risque alors une désillusion d'ici cinq ou dix ans, alors que des investissements importants auront été réalisés.

Une concurrence doit exister entre les industriels, qui doivent être maîtres de leurs décisions et de leurs investissements. Si la solution était purement planifiée, elle pourrait ne pas être pérenne.

Votre dernière question portait sur les moyens d'accroître le volume de téléphones portables collectés. Une consigne fonctionnerait certainement, l'économie étant un moteur fort pour récupérer des objets. L'instauration d'une consigne de 5 euros, appliquée à 25 ou 30 millions de téléphones, rapporterait 150 millions d'euros annuels. Cela étant dit, il serait compliqué de restituer cet argent au consommateur. Beaucoup d'argent circulerait, ce qui serait dangereux.

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