J'ai moi aussi rencontré le directeur exécutif de Frontex, ces derniers jours. Sur ce point, notre position est claire : nous avons sollicité le renforcement de l'agence Frontex, dont nous pensons qu'elle doit être dotée de moyens supplémentaires. Elle représente le visage de l'Europe et du soutien de l'Europe aux dispositifs nationaux ! Plutôt que de doter en moyens supplémentaires les États confrontés à la situation que vous décrivez - dotation peut-être par ailleurs nécessaire, je pense à l'Italie par exemple -, il faut continuer à organiser la montée en puissance de Frontex. Son budget a été multiplié par six en quatre ans ; c'est donc bien un sujet de valorisation pour l'Europe, démontrant que nous sommes capables d'avancer vite pour rendre opérationnels des projets européens.
Le coeur de métier de Frontex, c'est le contrôle aux frontières ; c'est à ce titre qu'il faut développer ses moyens. Il faut donc assurer Frontex de tout le soutien de la France : l'agence a vocation à jouer un rôle majeur dans les politiques de contrôle aux frontières. Avec Thomas de Maizière, j'ai d'ailleurs sollicité l'organisation prochaine d'un exercice de gestion de crise majeure « grandeur réelle » aux frontières de l'Europe.
Concernant la Syrie, nous menons aujourd'hui une surveillance exhaustive et disposons d'un suivi individualisé de tous les ressortissants français présents sur zone. Les flux au départ, vers la Syrie, se sont taris ; commencent à s'organiser des flux au retour, qui font tous l'objet d'un suivi. Une variable contribue à limiter ces derniers : les « pertes sur zone ». On parle de 250 combattants originaires de France décédés sur zone au cours des combats, mais ce chiffre semble sous-évalué.
Le Président de la République et le Premier ministre feront la semaine prochaine une annonce sur la position de la France, notamment en matière de retour des mineurs sur notre territoire. Cette dernière question exige la mise en place d'une véritable stratégie de prise en charge. Quoi qu'il en soit, nous suivons tous ceux qui rentrent dans notre pays.
Quant à la question des mineurs isolés, elle relève du ministre de la justice. Pour les mineurs évacués de Calais, le dispositif a plutôt bien fonctionné : 300 mineurs seulement demeurent dans les centres ; 800 sont partis au Royaume-Uni. Je viens d'ailleurs de recevoir une lettre de mon homologue britannique, Amber Rudd, qui se dit prête à examiner une cinquantaine de dossiers supplémentaires. Il y a à peine un mois et demi, certains mineurs candidats au départ vers le Royaume-Uni étaient animés d'un sentiment de révolte et d'injustice devant le refus, apparemment immotivé - nous pensions qu'ils remplissaient les critères - de leur demande. La résolution de ce problème rend de nouveau possible le traitement des dossiers de ceux qui sont appelés à rester.
S'agissant de la prise en charge dans les CAO, il faut d'abord noter que parmi les mineurs se trouvent un certain nombre de majeurs. Certains adultes se réclament de l'« excuse » de minorité pour obtenir des délais plus souples. Par ailleurs, un certain nombre de mineurs ont fugué, quittant les CAO ; certes, une partie de ceux qui étaient partis pendant l'hiver sont revenus, mais un certain nombre d'entre eux n'ont pas été revus.
En matière de répartition européenne de l'effort, nous ne proposons pas un mécanisme qui reviendrait à appliquer une règle de 3, ou plutôt de 27... Il s'agit de définir des critères permettant de garantir la solidarité tout en tenant compte des caractéristiques de chaque pays en termes de population, de PIB, de capacités d'accueil, de structures. En tout état de cause, nous voulons qu'en cas de nouvelle crise migratoire, tous les pays européens prennent leur part de cet effort. L'enjeu des prochaines réunions du Conseil est donc que tous les pays acceptent que des critères s'appliquent. Je note d'ailleurs qu'aujourd'hui, parmi les pays qui ne jouent pas le jeu de la solidarité, certains ne sont pourtant pas soumis aux flux de première entrée.