Tout à l'heure, je vous ai donné des chiffres pour vous faire comprendre quelle était notre vision des choses, laquelle diffère de celle des Britanniques. L'instauration de la politique commune de la pêche, en 1983, a conduit à une mise en commun des eaux et, ensuite, à un partage des stocks à partir des flottilles réellement en activité à cette date. Ce principe dit de « stabilité relative » n'a jamais été remis en question d'une politique commune de la pêche à une autre, laquelle change tous les dix ans. Les Britanniques considèrent qu'ils ont été désavantagés dans ce partage et qu'ils ont droit à bien plus que ce que leur attribue l'Union européenne - 20 % des totaux admissibles de captures actuellement. L'expertise scientifique sera de fait un vrai enjeu. Or les poissons ne connaissent pas les frontières et, compte tenu du changement climatique, migrent vers le Nord - les Norvégiens en bénéficient particulièrement avec la morue. On va donc assister à une bataille d'experts. Or on connaît très mal les ressources qui se cachent au fond des océans.
Vous nous avez interrogés sur les possibles compensations. À ce jour, nous ne souhaitons pas de compensation parce que nous désirons un accord permettant à chacun de continuer à pêcher et à vendre intelligemment le poisson. Si un désaccord devait survenir, des flottilles se verraient alors interdites. Je rappelle que 80 % de la flotte européenne est constituée de bateaux mesurant entre 10 et 12 mètres, des bateaux destinés à la pêche côtière. Un bateau de 50 mètres n'aura aucune difficulté à rejoindre le golfe de Gascogne pour pêcher du chinchard ou d'autres espèces, ce que ne pourra pas faire un bateau de 10 mètres. Cette fin d'activité ne pourra faire l'objet que d'une compensation financière, qu'elle provienne de l'État ou de l'Union européenne.