Monsieur le sénateur, la crise migratoire profonde que connaissent les pays européens a changé de dimension. Hier, beaucoup de réfugiés irakiens et syriens passaient par la route des Balkans ; aujourd’hui, du fait des accords conclus entre la Turquie et l’Union européenne, les choses ont changé. L’effondrement de l’État en Libye explique que, depuis quelques années, nous connaissions un afflux massif de migrants économiques et de réfugiés ayant gagné les côtes européennes depuis ce pays.
Le pays européen le plus touché est évidemment l’Italie, qui a déjà accueilli près de 200 000 personnes et vient de connaître un véritable pic, puisque près de 85 000 migrants sont arrivés sur son territoire depuis le début de l’année, dont 12 000 au cours des trois derniers jours de la semaine dernière.
C’est dans ce contexte que M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur, qui se trouve à l’Assemblée nationale et ne pouvait donc être présent ici pour vous répondre, a rencontré en urgence ses homologues allemand et italien. À cette occasion, il a rappelé la solidarité de la France. Évidemment, nous avons la volonté de renforcer les actions visant à tarir les flux migratoires illicites et à mieux gérer, de manière humaine, les arrivées en Italie.
De façon très pragmatique, les trois ministres se sont entendus sur les points suivants : l’Italie travaillera avec les organisations non gouvernementales opérant en Méditerranée centrale à l’élaboration d’un code de bonne conduite ; nous demanderons que soit renforcé le soutien aux garde-côtes libyens, par le biais d’un appui financier massif et direct de l’Union européenne ; nous proposerons un soutien conditionnel à l’Organisation internationale pour les migrations et au haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés en vue de développer des infrastructures en Libye, sachant qu’aujourd’hui plus de 100 000 personnes attendent à la frontière libyenne ; nous demanderons un renforcement des contrôles aux frontières de la Libye ; enfin, nous proposerons le renforcement de la stratégie de l’Union européenne concernant les retours.
Je crois aussi nécessaire que la France prenne ses responsabilités, …