Ma question s'adresse à Mme la ministre des outre-mer.
Madame la ministre, depuis le mois de mars dernier, la Guyane est en révolution – terme approprié à la situation et aisément audible par le Président de la République, puisque Révolution est le titre de son ouvrage-référence.
Durant tout le mois d’avril, en particulier, les Guyanais, excédés par l’absence de réponses aux demandes sans cesse formulées par leurs élus dans les domaines les plus vitaux, ont « pris la rue », comme l’on dit chez nous, érigeant des barrages dans tout le pays, bloquant toute activité, y compris celle du centre spatial, principal point de crispation de la contestation. La fameuse phrase de François Mitterrand – « Comment pouvons-nous continuer à lancer des fusées sur fond de bidonvilles ? » – est encore d’actualité, puisque constamment reprise par les manifestants.
Le principal centre hospitalier de la Guyane a lui aussi connu une grève, qui a duré soixante-quinze jours. Bref, nous constatons une situation quasi apocalyptique dans un territoire français.
En réponse à ce mouvement de contestation générale s’appuyant sur des revendications légitimes formulées en notre qualité de citoyens français « à part entière », le Gouvernement a signé, le 21 avril, l’accord de Guyane, qui prévoit un plan d’urgence d’un montant de 1, 086 milliard d’euros et l’engagement de l’État d’examiner de façon prioritaire et sans délai une demande supplémentaire de 2, 7 milliards d’euros en vue de la programmation et de la mise en place de ces crédits.
Le Président de la République a confirmé à plusieurs reprises son intention de mettre en œuvre l’ensemble de l’accord, qui a été publié au Journal officiel. Forts de ces « assurances », les Guyanais se sont armés de patience, mais, depuis l’audit de la Cour des comptes, par le biais duquel nous avons appris, à notre plus grand étonnement, que la mise en place de l’accord de Guyane « devrait prendre plus de temps que prévu initialement » et depuis le discours de politique générale du Premier ministre, qui n’en fait aucune mention, des questions se posent quant au respect des engagements pris.
Madame la ministre, le temps des élections étant clos, doit à présent absolument venir celui de la concrétisation. Le climat social, toujours dégradé et tendu, l’impose. Pas plus tard qu’hier ont démarré des mouvements de grève, annoncée « illimitée », dans deux entreprises : un sous-traitant du centre spatial et l’unique port de Guyane.