Nous avons pu établir, grâce à M. le président de la commission et à M. le rapporteur, un texte qui permet à notre assemblée de trouver un accord global.
Je ne suis pas sûr que mes collègues de l’Association des maires de France, lorsqu’ils prendront connaissance du texte que nous aurons adopté, le trouvent conforme à l’amendement que nous avions initialement déposé en concertation avec eux. Je ne suis pas sûr, par exemple, que mon ami Michel Destot, même s’il se rallie à notre position, trouve acceptable que les communautés d’agglomération ne suivent pas le même chemin que les communautés urbaines de France, alors que celles-ci restent encore à l’avant-garde de l’intercommunalité !
Monsieur le secrétaire d’État, si la discussion a pu s’établir avec vous, avec M. le rapporteur, avec M. le président de la commission, c’est parce que, au-delà des textes et de leur incarnation politique, j’ai une certaine vision de l’avenir de notre pays et du monde.
J’observe en effet l’évolution des autres pays et je m’aperçois que, si nous ne nous modernisons pas, nous allons régresser ! Dans cette perspective, l’affrontement entre le centre et la périphérie, que l’on retrouve toujours, relève de l’ordre normal des choses. L’agglomération de Lyon entretient des liens étroits avec Barcelone : or, lorsque Barcelone prend une initiative, les villes de la périphérie essayent très souvent de résister. Mais, bien évidemment, c’est Barcelone qui rayonne à travers l’Europe et qui tire l’ensemble du pays catalan. Il faut donc à la fois supporter la critique et continuer à avancer.
J’espère que le texte résultant de l’accord auquel nous sommes parvenus ne s’altérera pas au fur et à mesure de l’examen du projet de loi. En particulier, il ne faudrait pas que, à l’Assemblée nationale, certains députés ne trouvent les dispositions que nous allons adopter bien trop osées et n’essaient de les « détricoter » quelque peu !
Dans une communauté urbaine comme la mienne, de nombreux élus, qui étaient sceptiques sur l’avenir des communautés urbaines, demandent peu à peu à adhérer. En particulier, un certain nombre de villes dirigées par des élus communistes ont demandé à adhérer l’année dernière, parce que ces élus se sont aperçus que, s’ils restaient en dehors du mouvement de l’intercommunalité, il n’y avait pas d’avenir pour leur collectivité. Aujourd’hui – on peut le déplorer ou s’en féliciter –, la force des agglomérations, abstraction faite de tout problème institutionnel, est telle qu’elles exercent une véritable attraction, et c’est autour d’elles que se produit le mouvement.
Après, nous avons le choix entre deux modèles : soit on laisse le mouvement s’effectuer de manière anarchique, sans aucune organisation, et on obtient la cacophonie de l’Île-de-France ; soit on suit la méthode que nous avons adoptée depuis quarante ans – donc bien avant que je sois président de la communauté urbaine de Lyon –, en essayant d’organiser la coopération, et le développement est plus harmonieux. Telles sont les réflexions que ces textes m’inspirent.
J’espère que, dans les années qui viennent, cette intercommunalité qui avait été très décriée lors de sa fondation, qui a fait un nouveau pas en avant grâce aux lois Chevènement et qui va poursuivre sa dynamique, nous permettra de dépasser progressivement un certain nombre de débats. Je ne crois pas, quant à moi, à l’opposition entre villes et campagnes, je pense que les unes et les autres doivent vivre une même dynamique ou bien mourir ensemble !