Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 24 juillet 2017 à 16h00
Renforcement du dialogue social — Question préalable

Muriel Pénicaud, ministre :

La question posée nous permet de constater que nous avons tous le même objectif : dynamiser l’emploi et les entreprises.

À cet égard, permettez-moi de revenir sur l’enquête de l’INSEE réalisée auprès de chefs d’entreprise, enquête qui en corrobore d’autres.

Selon cette enquête, 50 % des chefs d’entreprise considèrent que les freins à l’embauche sont importants et leurs attentes en matière de réformes sont donc fortes.

Leur première préoccupation, c’est l’incertitude économique, leur capacité à décrocher des marchés, bien sûr, mais aussi les plans d’investissement et le soutien à l’investissement par la puissance publique. À cet égard, le plan d’investissement de 50 milliards d’euros qui sera mis en œuvre à partir de l’automne est un élément essentiel.

Nous avons la chance en France d’avoir une reprise de la croissance. Il serait très préoccupant que cette reprise n’entraîne pas des créations d’emplois. Les enquêtes européennes montrent que la croissance française est traditionnellement un peu moins riche en emplois que les autres. Notre objectif commun – c’est ce que j’ai compris dans votre interpellation, monsieur Watrin – est de trouver des solutions pour que la croissance se traduise par des emplois.

Ensuite, 27 % des chefs d’entreprise évoquent les difficultés, que j’ai déjà mentionnées, à trouver les compétences requises. Dans certains territoires, et les sénateurs concernés le savent mieux que moi, on ne trouve pas ces compétences. Cela empêche les entreprises de créer des emplois, mais également de remporter les marchés qui leur permettraient d’en créer. Il est donc essentiel d’agir sur ce point. Nous aurons l’occasion d’aborder cette question dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle et du plan d’investissement en faveur de la formation.

Par ailleurs, 23 % des chefs d’entreprise considèrent que le coût du travail est trop élevé. Nous transformerons donc le CICE en baisse de charges pérennes.

Il est clair qu’aucun de ces points ne constitue à lui seul un frein à l’emploi. C’est à l’ensemble de ces problèmes qu’il faut s’attaquer pour dynamiser le marché du travail. Encore une fois, personne n’a de baguette magique pour créer de l’emploi.

Enfin, 18 % des chefs d’entreprise disent qu’ils attendent d’abord une réforme du code du travail, parce que la réglementation est trop lourde, illisible, incompréhensible, et qu’elle freine la réactivité.

Quant aux investisseurs étrangers, leurs priorités sont inversées. Pour les avoir beaucoup rencontrés ces dernières années, je puis vous dire que leur première préoccupation est le code du travail. S’il est illisible pour nos très petites entreprises, il est incompréhensible pour les investisseurs étrangers. Or ces investisseurs représentent 2 millions d’emplois. Ils créent chaque année plus d’emplois qu’ils n’en détruisent. En France, environ 4 millions de personnes, y compris dans les entreprises sous-traitantes, vivent grâce à ces investissements étrangers.

Il ne s’agit pas d’avoir une pensée magique : aucune réforme ne suffira à elle seule. C’est en agissant à la fois sur les compétences, sur le coût du travail et sur la réglementation que nous créerons un environnement favorable. C’est l’ensemble de nos interventions sur ces points qui permettront aux entreprises de retrouver la confiance, de se projeter dans l’avenir et de créer des emplois.

Le débat ici est donc extrêmement important, car il porte sur les leviers structurels qui contribuent à donner confiance non seulement aux entreprises, mais aussi aux salariés qui retrouvent la possibilité d’accéder au marché du travail.

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