Intervention de Serge Dassault

Réunion du 24 juillet 2017 à 16h00
Renforcement du dialogue social — Discussion générale

Photo de Serge DassaultSerge Dassault :

Que les syndicats cessent de croire que les chefs d’entreprise veulent licencier leur personnel sans raison. C’est stupide ! Cela n’existe pas : au contraire, tous les chefs d’entreprise ne rêvent que d’embaucher et de développer leur activité.

Madame la ministre, j’espère que vous pourrez convaincre, par une large campagne d’information, tous les salariés et les jeunes de ne pas suivre les éventuelles consignes de grève des syndicats, car cela les conduirait au chômage.

Car il s’agit bien de cela, pour les jeunes : manifester contre la précarité, ce serait manifester pour qu’ils ne trouvent aucun emploi et qu’ils restent au chômage.

Madame la ministre, je regrette par ailleurs que, dans le champ des ordonnances à venir, ne figure pas la nécessaire mise en place d’une véritable participation aux bénéfices pour tous les salariés, à l’instar de ce qu’avait voulu le général de Gaulle en 1967 avec l’association du capital et du travail.

Permettez-moi de retracer brièvement mon expérience personnelle dans ce domaine.

Quand j’ai pris le contrôle de Dassault Aviation, en 1986, il n’y avait pas assez de commandes et les caisses étaient vides. J’ai réuni le personnel – et pas les syndicats – et lui ai dit que, pour préparer l’avenir, il fallait que je dispose de moyens suffisants pour étudier et construire de nouveaux prototypes. Dans cette perspective, je leur ai annoncé que, pendant trois ans, je serais obligé de n’accorder aucune augmentation de salaire et ne distribuerais aucun dividende, mais que, quand je disposerais des moyens nécessaires, ils auraient une part substantielle des bénéfices. Ils ont accepté et j’ai tenu parole.

Au bout de trois ans, j’ai mis en place un accord de participation dérogatoire qui a permis que, après autofinancement, le bénéfice distribuable soit divisé en deux parts égales : une pour les actionnaires, l’autre pour les salariés. C’est ainsi que, depuis quelques années, les salariés reçoivent trois mois de salaire comme prime de participation, ce qui leur fait seize mois de salaire au total.

C’est la véritable égalité capital-travail dont rêvait le général de Gaulle, avec partage égal de l’enrichissement de l’entreprise entre les actionnaires et les salariés. Cela plaît tellement aux salariés qu’un délégué CGT m’a un jour tenu les propos suivants : « Ce qui est bien dans votre système, c’est que nous ne travaillons plus uniquement pour le patron, mais aussi pour nous. » Voilà la solution à la lutte des classes : travailler pour le bien commun dans la paix sociale. Je n’entends plus le slogan : « Dassault peut payer ! » Dassault ne peut rien payer du tout : les salariés l’ont compris et ils constatent que ce système marche.

Madame la présidente, madame la ministre, chers collègues, c’est la dernière fois, malheureusement, que je m’exprime dans cet hémicycle, car je ne me représenterai pas en septembre, à mon grand regret. En guise de dernier message, permettez-moi de vous rappeler qu’il faut tout faire pour annuler nos divisions gauche-droite, qui nuisent à notre développement économique et à notre paix sociale. Elles n’existent plus dans de nombreux pays et elles ne mènent à rien. N’oubliez pas, mes chers collègues, qu’il n’y a pas un peuple de gauche et un peuple de droite, mais un peuple de France, qui doit pouvoir travailler pour le bien de tous.

Le président Emmanuel Macron a dit qu’il n’était ni de gauche ni de droite ; il a raison, c’est la bonne voie. « La bonne politique n’est ni de gauche ni de droite, c’est celle qui marche », a dit Tony Blair, qui a sauvé l’Angleterre de la récession.

Mes chers collègues, permettez-moi de former un dernier vœu : travaillez tous ensemble pour que cela marche. Au revoir, et amitiés à tous !

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