Nous accueillons aujourd'hui M. Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, à qui je souhaite la bienvenue.
Monsieur le président-directeur général, c'est la deuxième fois cette année que vous vous exprimez devant notre commission ; nous vous avions déjà reçu en février. Cette seconde audition se justifie par l'annonce d'un rapprochement entre Alstom et Siemens, qui soulève des questions et des inquiétudes très nombreuses sur l'avenir de l'industrie du transport ferroviaire dans notre pays. Notre commission souhaite mieux cerner ses raisons et ses impacts sur l'activité, l'innovation et l'emploi industriels en France. Parce que vous êtes le PDG d'Alstom, mais aussi parce que vous êtes annoncé comme le futur grand patron du groupe Alstom-Siemens, vos propos seront scrutés avec la plus grande attention.
Lors de votre précédente audition, vous aviez évoqué les nombreux atouts du groupe Alstom sur les plans industriel et technologique et souligné l'intensité de la concurrence mondiale, notamment face aux industriels chinois, coréens et japonais. Pourtant, dans le panorama prospectif que vous nous aviez dressé, vous n'aviez absolument pas abordé le rapprochement avec Siemens, alors même que les négociations entre les deux groupes ont commencé à la même période. Pourquoi ? Quel sens cela a-t-il de s'exprimer devant la représentation nationale si l'on n'évoque pas un sujet aussi stratégique ?
Quels seront les impacts économiques et sociaux de la fusion ? En quoi le nouveau groupe sera-t-il plus compétitif que le précédent ? Concrètement et précisément, où sont les gains attendus de ce rapprochement ? Au-delà de l'idée un peu intuitive qu'un acteur plus gros est un acteur plus fort dans la concurrence mondiale, nous voudrions appréhender plus concrètement les atouts supplémentaires du nouveau groupe par rapport à ses deux entités constitutives.
Nous voudrions également mieux cerner les risques de l'opération. Il a été annoncé que, pendant les quatre ans suivant la fusion, les sites et les emplois des deux groupes seraient préservés en France et en Allemagne. Mais ensuite ? Alstom est en choc frontal avec Siemens sur toutes ses activités : grande vitesse, trains régionaux, tramways et métros, signalisation... La logique de la fusion n'est-elle pas à terme de rationaliser les offres qui doublonnent, sans forcément transformer ni remplacer l'activité sur tous les sites ?
Au-delà d'Alstom et de Siemens, il y a aussi le cas de tous les sous-traitants. Lors de votre audition de février dernier, vous aviez indiqué que 80 % de ce qu'Alstom fabriquait en France était acheté en France, auprès d'un tissu de PME. Quel sera l'impact pour le réseau des PME sous-traitantes ?