Depuis un certain nombre d'années, l'Union européenne mène un double jeu : d'une part, avec les États parce qu'elle ne peut pas faire autrement, d'autre part, avec les régions. Tout a été mis en oeuvre pour contourner les États via les régions - et il n'y a qu'à voir toutes celles qui ont ouvert une sorte d'ambassade à Bruxelles pour constater que cette politique a été bien menée.
Aujourd'hui, l'Union européenne, qui prône des accords de libre-échange avec le monde entier, s'étonne que les graines qu'elle a semées aient poussé. Plus la mondialisation gagne du terrain, plus les gens cherchent à retrouver leurs racines. Comme par hasard, ce sont les régions les plus riches qui sont les premières à vouloir retrouver ces racines, qui ont des velléités d'autonomie ou d'indépendance, et non pas les régions pauvres. L'Union européenne se retrouve un peu dans la situation du pyromane qui se transforme en pompier en ne voulant pas voir ces querelles internes aux États, alors qu'elle a fait tout ce qu'il fallait depuis trente ans pour les susciter.
La question fondamentale est celle de la finalité de l'Union européenne : a-t-elle vocation à remplacer les États, à faire de l'Europe un assemblage de régions - peu de personnes croient encore à cette idée-là -, ou doit-elle s'en tenir à fédérer les bonnes volontés des uns et des autres pour apporter un véritable progrès social, économique et humain à ses 500 millions de ressortissants ? Personnellement, je ne suis pas de ceux qui prônent la disparition des États et leur remplacement par une Europe des régions. Si tel devait être le cas, je ne donnerais pas cher de l'avenir d'une telle Europe.