Selon l’article 1er de la Constitution, la République française est indivisible. Et pourtant, il existe aujourd’hui plusieurs France. Les sociologues, les politologues, les géographes et surtout les électeurs le disent.
Oui, la France est rongée par une fracture territoriale qui se révèle un des défis les plus compliqués et les plus urgents à relever : d’un côté, on l’a dit, une France dynamique, moderne, ouverte, connectée, celle des métropoles et des grandes villes, une France 2.0 qui n’a pas peur de la mondialisation et qui est armée pour l’affronter ; de l’autre, une France en souffrance, celle des ruralités et des périphéries, une France enracinée qui ne veut pas mourir et qui se sent déclassée, délaissée, notamment par l’État. Car quand une classe, une poste, une perception, une usine ferment, neuf cas sur dix frappent cette France profonde.
Certes, vous l’avez dit, monsieur le ministre, cette situation n’est pas nouvelle. À cet égard, vous avez pointé avec une grande énergie les responsabilités de vos prédécesseurs. Mais plusieurs décisions très récentes du Gouvernement laissent sceptiques quant à sa réelle volonté de rétablir un minimum d’équité territoriale, sans parler des annulations de crédits aux collectivités : pourquoi donc avoir mis en pause le canal Seine-Nord, le barreau Picardie-Roissy et tant d’autres grands chantiers structurants et porteurs d’espoir pour nos territoires ?
Par ailleurs, n’est-il pas incohérent, et même indécent, de se glorifier du dédoublement des classes de CP dans les réseaux d’éducation prioritaire alors qu’on a souvent des double ou triple niveaux à plus de vingt élèves en zone rurale ? On ne peut se satisfaire de voir des discriminations positives aggraver des discriminations négatives.
Monsieur le ministre, avez-vous réellement un cap en matière d’aménagement du territoire ? Avez-vous tout simplement une boussole ?