Hier soir, Nicolas Hulot a exprimé sa tristesse. Pour ma part, je veux exprimer ma grande colère. Mme Primas s’en est émue hier à un moment donné : dans le feu de l’action, j’ai en effet eu des propos un peu vifs – je n’ai pas tenu ceux qu’elle me reprochait, mais peu importe.
Pourquoi cette colère ? Cela fait dix ans que j’interviens dans les négociations sur le climat en tant que représentant des territoires du monde. Et hier, au cours de nos débats, j’ai entendu tous les arguments à cause desquels nous n’avançons pas dans les négociations climatiques.
Tout d’abord, il y a eu du climato-scepticisme, non pas sur l’existence d’une responsabilité humaine dans le réchauffement, mais sur les conséquences de ce dernier. Je trouve surprenant de me voir reprocher d’avoir fait le lien entre le climat et la situation en Syrie, comme si cette réalité n’était pas parfaitement documentée ! On aurait pu tout autant parler de Boko Haram autour du lac Tchad, d'ailleurs.
Il y a eu ensuite du climato-fatalisme : certains de nos collègues sont intervenus pour dire que cela ne servait à rien d’arrêter notre production nationale d’hydrocarbures, puisque les autres pays ne le feront pas.
Il y a eu également, de façon peut-être plus forte encore, du climato-égoïsme. Disons-le clairement, certains territoires vont être affectés, mais exploiter jusqu’à la dernière goutte de pétrole ne permettra pas de répondre aux défis actuels.
Oui, il faut répondre aux problèmes de développement de la Guyane. Oui, il faudra compenser la fermeture des puits en Seine-et-Marne. C’est ensemble qu’il faut trouver des réponses, mais cela ne se fera pas en continuant de croire que c’est le pétrole qui contribue au développement des territoires. Nombre d’exemples démontrent l’inverse.
À cause de tous les partisans du climato-scepticisme, du climato-fatalisme ou du climato-égoïsme, ou encore de ceux qui ont fait preuve de climato-passivité alors que je les sais pourtant un peu plus proches de notre vision, ce texte n’existe plus !
Nous avons ainsi affaibli la position de la France, laquelle était pourtant un leader dans cette négociation depuis la COP21. En étant les premiers à adopter un texte clair, nous aurions été en mesure d’interpeller les autres pays lors de la COP23 du 12 décembre prochain.
Avec ce texte, les autres États pourront tout à fait nous rétorquer qu’ils font comme nous en continuant à investir dans les schistes bitumineux au Canada ou à investir dans l’exploration pétrolière offshore !