Intervention de Nicolas Grivel

Commission des affaires économiques — Réunion du 8 novembre 2017 à 9h35
Audition de M. Nicolas Grivel directeur général de l'agence nationale pour la rénovation urbaine

Nicolas Grivel, directeur général de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine :

Nous devons rester cohérents. Parfois, on nous propose la démolition d'une école dans un état lamentable, pour la reconstruire légèrement à l'extérieur du quartier, mais pour permettre plus de mixité avec les quartiers voisins. C'est forcément intéressant, et c'est une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas voulu nous limiter. Mais nous ne pourrons pas tout financer, donc nous regardons en priorité ce qui peut être fait au sein du quartier prioritaire.

Concernant l'externalisation, nous acceptons régulièrement des études menées en interne par les collectivités. Si vous avez un cas précis, nous pourrons en reparler.

Monsieur Duran, comme je l'ai déjà indiqué, la politique de la ville en secteur rural compte bien parmi nos priorités, avec des différences opérationnelles liées à la spécificité des quartiers anciens.

La capacité d'établir des avenants en cours de programmation et d'opérer des redéploiements existe toujours ; il paraît toutefois préférable de prendre le temps dès le départ, grâce à la phase de préfiguration notamment, pour faire des choix sûrs et limiter les changements lors du déroulement du programme.

Sur les formations aux conseils citoyens, qui bénéficient d'un taux de satisfaction fort, l'ANRU est partenaire de l'École du renouvellement urbain, dont le financement est assuré par le CGET. Une réflexion sur des schémas décentralisés, à l'échelon régional, est engagée afin de réduire le biais dans la sélection des participants. L'intérêt des formations pratiquées réside dans le croisement d'expériences entre les habitants de quartiers différents.

Madame Cukierman, l'ANRU ne s'inscrit pas dans une logique de fermeture ou de réticence, mais plutôt d'accompagnement en matière de démolitions. Le débat porte surtout sur l'aspect financier et le niveau de prise en charge des démolitions, avec une possibilité de discussions au cas par cas.

La problématique de la gestion de la temporalité est récurrente pour l'ANRU et les élus qui sont associés aux projets : les habitants présentent des attentes à court terme, cependant qu'une transformation d'un quartier s'échelonne sur une période de dix ou quinze ans - 50 % au minimum de la population aura d'ailleurs changé dans l'intervalle. L'enjeu consiste autant à répondre aux besoins des habitants d'aujourd'hui qu'à enrayer le phénomène de paupérisation des quartiers pour l'avenir. Monsieur Dubois, en plus de cette double équation, il existe également une partie des habitants désireux de rester dans le quartier et qu'il convient donc d'y reloger à l'issue de la transformation.

Des investissements publics importants ont été réalisés dans le domaine de l'accompagnement social, dans des quartiers où l'investissement privé vient moins spontanément. Cet effort doit s'inscrire dans une démarche de pérennité, sans oublier un travail sur la domanialité dans les quartiers.

Les questions de mobilité peuvent prendre des formes très diverses selon les configurations rencontrées. Il y a des quartiers où le sujet de l'éloignement et de l'enclavement est décisif, sinon central dans le projet. Le traitement de ces situations s'effectue en lien avec les autres collectivités, le niveau intercommunal, départemental, voire régional en matière de transports en commun.

Monsieur Gremillet, la thématique de l'adaptation au vieillissement de la population appartient également à nos préoccupations. Certains quartiers n'ont pas du tout été conçus dans cette perspective, ce qui pose des problèmes d'accessibilité, de mobilité ou d'une offre de commerces de proximité insuffisante.

Madame la présidente, ce qui concerne la dimension intercommunale, il y a des effets potentiellement contradictoires sur la politique d'attribution entre des éléments stratégiques généraux et des pratiques quotidiennes. Le premier programme avait été l'occasion pour les maires de reprendre pied dans les quartiers, en discutant avec les bailleurs ; le deuxième programme doit être l'équivalent sur la partie attribution, en encourageant une mutualisation et un partage sur ces sujets.

Enfin, je ne dirais pas qu'il y a des quartiers définitivement perdus. Il existe en effet un certain nombre de quartiers qui cumulent plusieurs difficultés et pour lesquels des leviers extérieurs doivent être actionnés pour favoriser une évolution positive : les problématiques de tranquillité publique, de sécurité et d'éducation sont décisives en l'espèce.

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