Nous accueillons aujourd'hui notre collègue député européen Arnaud Danjean, grand spécialiste des problèmes de stratégie et de défense, à qui le Président de la République a demandé de coordonner la rédaction de la revue stratégique de défense et de sécurité nationale, à la tête d'un comité qui a beaucoup travaillé cet été.
Je suis très heureux de saluer le général François Lecointre, chef d'état-major des armées, que nous accueillons pour la première fois. Il reviendra d'ailleurs le 9 novembre nous parler du budget. Je lui dis tout notre respect, notre amitié, notre soutien dans sa mission. Je salue la présence de l'ingénieur général de l'armement Joël Barre, délégué général pour l'armement, que nous revoyons demain matin sur des questions budgétaires, dont c'est également la première venue devant la commission. Nous accueillons également Jean-Paul Bodin, secrétaire général pour l'administration qui a déjà planché devant nous, ainsi que l'ambassadeur Philippe Errera, directeur général des relations internationales et de la stratégie, que nous avons connu exerçant d'autres responsabilités dans le passé.
Une revue stratégique, c'est en fait une vision d'ensemble des menaces du contexte géostratégique, première étape indispensable pour nous permettre d'y voir clair en vue du débat sur la loi de programmation militaire, qui viendra, au premier semestre 2018, décliner les moyens des forces armées pour répondre à ces menaces. Arnaud Danjean, vous avez souhaité associer les représentants du Parlement aux réflexions du comité et nous avons eu plusieurs entretiens préalables. Vous venez aujourd'hui nous présenter le fruit de la réflexion collective d'un comité de 18 membres où siégeaient notamment les chefs d'état-major et les plus importants responsables placés auprès de la ministre des armées, avec qui, mardi prochain, nous débattrons en séance publique au Sénat des conclusions de la revue stratégique.
Notre commission, par la voix de Jean-Pierre Raffarin, mon prédécesseur, avait suggéré au Président de la République et à la ministre des armées, dès le mois de juin, la formule d'une revue stratégique, outil beaucoup plus léger que le Livre blanc pour préparer la loi de programmation militaire. Notre constat était que les menaces étaient connues, et que, si elles s'étaient durcies et dispersées, les grandes tendances étaient au fond déjà identifiées dans le Livre blanc de 2013 : du terrorisme djihadiste et de stratégies asymétriques d'acteurs non étatiques aux stratégies de puissance qui se déploient dans le haut du spectre, le tout dans un environnement de moins en moins stable.
Pour nous, l'essentiel, c'est d'aller rapidement à la loi de programmation militaire pour organiser la remontée en puissance des moyens des armées, sans perdre les traditionnels 18 mois des commissions du Livre blanc ancienne formule.
Le Président de la République, dans sa lettre de mission, demandait une analyse des menaces et une priorisation de nos intérêts de sécurité. Il avait d'ores et déjà indiqué son souhait du maintien des deux composantes de la dissuasion, qui étaient en quelque sorte hors du champ de vos débats.
Le comité a vite et bien travaillé, puisque la revue que vous nous présentez aujourd'hui est un document solide, qui prône - c'est pour nous l'essentiel - le maintien d'un modèle d'armée complet et équilibré. Cela implique un effort considérable sur les moyens, tant nos armées sont aujourd'hui surexposées et fragilisées par une décennie d'éreintement.
Vous n'aviez pas pour mission de définir les contrats opérationnels, mais vous esquissez, dans une démarche intéressante, les 30 « capacités » nécessaires aux forces armées, tout en maintenant à l'identique les grandes fonctions stratégiques. Le maintien de certaines de ces capacités est un défi, vous le dites sans détour : entrer en premier et durer, en particulier.
Enfin, si votre revue n'adopte pas d'approche géographique, une priorité euro-méditerranéo-sahélienne se dessine toutefois, avec une attention particulière au voisinage immédiat.