Mes chers collègues, nos pays dits « d’outre-mer » détiennent, hélas, quelques tristes records en matière d’inégalités. Celui dont je veux vous parler concerne la désertification médicale. En effet, c’est dans nos régions que l’on trouve la plus faible densité de médecins rapportés au nombre d’habitants. Ainsi en Martinique, 542 médecins seulement pour 100 000 habitants prennent en charge une population, qui plus est vieillissante.
La Martinique présente des disparités. La région nord se distingue déjà du reste du territoire par les indicateurs de pauvreté, l’illettrisme, l’échec scolaire ou le chômage. Or onze communes sur quatorze sont en déficit de médecins et 46 % des médecins qui y exercent ont déjà plus de cinquante-cinq ans.
La répartition géographique des médecins demeure une inégalité difficile à enrayer. Les centres urbains connaissent une surpopulation médicale, alors que les campagnes pâtissent d’un manque criant de généralistes et de spécialistes.
Cette mauvaise répartition géographique touche les zones qui souffrent souvent concomitamment de vieillissement, de dépeuplement, d’échec scolaire, de chômage et de tous les indicateurs propres aux zones laissées à l’abandon. Le nord de la Martinique, à ce titre, est particulièrement touché par ces difficultés.
La mesure incitative expérimentale que nous proposons permettrait de rééquilibrer cette source d’inégalité qui touche souvent les zones les plus excentrées ou les plus difficiles d’accès et dans lesquelles la prise en charge médicale relève du service public à la personne.
Je garde à l’esprit les propos du discours de Cayenne du Président de la République, qui affichait une ouverture totale à toute forme d’expérimentation prenant en compte les particularités du territoire. Les chiffres que je viens de vous donner sont issus du rapport de l’agence régionale de santé datant de 2007.
Je vous demande donc, madame, monsieur le ministre, de bien vouloir tenir compte des propos de Cayenne, auxquels je dis : « Chiche ! »