Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du 16 novembre 2017 à 21h45
Financement de la sécurité sociale pour 2018 — Article 34

Agnès Buzyn, ministre :

Le Gouvernement est bien entendu défavorable à cet amendement.

Je remercie la commission des affaires sociales de me soutenir dans cette démarche, qui est une vraie démarche de santé publique. Vous le savez, le défi vaccinal est un défi mondial. C’est une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé, qui en fait un objectif principal de son action dans les années qui viennent : il s’agit d’assurer une couverture vaccinale de 95 % de la population mondiale, de façon à éviter que des milliers d’enfants meurent ou restent handicapés.

L’Europe n’échappe pas à cette recommandation. Nous avons perdu la mémoire des grandes épidémies, notamment des épidémies de rougeole. Parce que nous avons tous reçu un certain nombre de vaccins, nous avons perdu le souvenir du risque encouru par les enfants. Aujourd’hui, huit vaccins sont simplement recommandés : nous pensions que la population française avait pris confiance, avec le temps, dans les vaccins et qu’il n’était plus nécessaire de les rendre obligatoires. Ainsi, la plupart des parents pensent que les vaccins recommandés sont facultatifs, alors qu’ils sont totalement nécessaires à la protection de nos enfants, ceux qui peuvent être vaccinés et ceux qui ne peuvent pas l’être.

Nous avons donc perdu cette mémoire et nous avons vu émerger sur les réseaux sociaux des doutes, des rumeurs et des déclarations fausses sur l’éventuelle nocivité des vaccins.

Je le rappelle, des centaines de millions de doses de ces vaccins ont été utilisées à travers le monde. Nous avons tous reçu des vaccins à base de sels d’aluminium, et nous n’avons pas tous l’air malade. Des dizaines de millions d’enfants français ont été vaccinés, puisque huit enfants français sur dix sont vaccinés par les onze vaccins du calendrier vaccinal.

Aujourd’hui, nous rendons obligatoires ces onze vaccins uniquement. Il s’agit simplement de passer à neuf enfants français vaccinés sur dix, de façon à nous conformer aux recommandations de l’OMS.

Je ne pense pas que huit enfants sur dix souffrent de maladies neurologiques et dégénératives ! Effectivement, une équipe française essaye de publier depuis vingt ans sur une maladie qui n’existe qu’en France, qui n’est pas reconnue par l’Organisation mondiale de la santé, à savoir la myofasciite à macrophages. Ce n’est pas une maladie reconnue, c’est un syndrome, décrit par cette équipe qui demande de l’argent. Elle est totalement financée par des associations, et l’a été par les pouvoirs publics l’année dernière, sans pouvoir apporter la moindre preuve de la toxicité de l’aluminium.

Cela suffit ! Il y a aujourd’hui des enfants qui meurent de méningite et de rougeole et d’autres qui ont des handicaps à vie : une rougeole avec une encéphalite entraîne un handicap psychomoteur à vie. Il faut maintenant redevenir raisonnable ! Les Français ont perdu confiance, je l’entends. Les pouvoirs publics souhaitent assumer leur décision, considérant que l’obligation vaccinale, comme c’est le cas pour le DT-Polio, permettra de rendre la confiance. Car personne ne doute de l’innocuité du DT-Polio ni de son intérêt ! Ainsi, en rendant l’ensemble des vaccins obligatoires, nous disons simplement aux Français qu’ils sont nécessaires et indispensables à la santé des enfants.

Enfin, je terminerai en disant qu’il s’agit d’un intérêt individuel pour tous les enfants qui sont vaccinés, mais également d’un intérêt collectif pour tous ceux qui sont malades et ne peuvent pas être vaccinés. Je pense notamment aux enfants atteints de cancer, qui, du fait d’un déficit immunitaire, ne pourront pas répondre à la vaccination. Nous les protégeons aussi.

Tous ceux qui ne font pas vacciner leurs enfants jouent les passagers clandestins : ils comptent sur la vaccination des autres, pour que les épidémies n’émergent pas et pour protéger leurs propres enfants.

C’est un enjeu collectif, de solidarité et de raison, contre l’obscurantisme et les fausses informations. Je vous demande bien évidemment, mesdames, messieurs les sénateurs, de ne pas voter cet amendement de suppression.

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