Intervention de Marie-Pierre Monier

Réunion du 21 novembre 2017 à 9h30
Questions orales — Nécessité de faire évoluer la protection du loup

Photo de Marie-Pierre MonierMarie-Pierre Monier :

« Au moment où j’écris ces mots, une meute de loups est en train de hurler à moins de 100 mètres de notre troupeau sur la commune de Séderon.

« Mon compagnon est parti précipitamment pour passer la nuit auprès du troupeau, en ayant l’intention de dormir dans la voiture, sachant qu’il est prévu moins de zéro degré cette nuit.

« Suite à l’attaque que nous avons subie dimanche dernier, et la perte de 15 brebis sur notre troupeau de 150 têtes, nous ne pourrons pas supporter de pertes supplémentaires. Le troupeau est actuellement très stressé, nous craignons des avortements.

« Quelle profession peut accepter cette pression ? Nous sommes désemparés.

« Nous sommes installés depuis trois ans ; nous avons investi toute notre énergie, nos convictions et nos finances dans notre projet d’élevage de brebis avec valorisation en vente directe des agneaux et de la laine, certifiés en agriculture biologique.

« Nous bénéficions d’un réel accueil et soutien local pour la remise en pâturage de collines et la vente de laine et de viande d’agneau. Nous avons mis en œuvre, depuis notre installation, toutes les mesures de protection préconisées : parcs électrifiés, chiens de protection, surveillances “pluriquotidiennes”.

« Ce soir, je souhaite donc exprimer notre sentiment d’impuissance et de découragement face à la pression de prédation du loup, qui depuis quelques mois s’est nettement intensifiée dans le sud des Baronnies.

« Ne sous-estimez pas l’urgence de la situation ! Nous avons besoin de réponses concrètes. »

Voilà, madame la secrétaire d’État, le témoignage que j’ai reçu dernièrement à ma permanence. Je n’aurais pas pu poser plus clairement la problématique du loup dans nos territoires et exprimer de façon plus éloquente le désarroi des éleveurs.

En Drôme, les chiffres les plus récents indiquent une augmentation de 31 % du nombre d’attaques et de bêtes tuées par rapport à 2016, après un doublement l’année précédente ! La pression de prédation devient insupportable. Le pastoralisme est menacé et, avec lui, l’élevage à taille humaine et la qualité de ses productions. L’entretien des espaces ruraux est également en danger : sans l’élevage, ces derniers seraient voués à l’embroussaillement et aux risques d’incendie.

Le bulletin d’information d’août 2017 du réseau « loup » de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, l’ONCFS, reprend l’expertise biologique collective sur la viabilité à long terme de la population de loups en France qui a été commandée en juin 2016 par le ministère de l’environnement. Il indique que « dans tous les cas, l’état actuel de la population en France, en termes d’effectifs et de croissance, semble garantir la viabilité démographique ».

Compte tenu de ces éléments scientifiques et du témoignage dont je viens de vous faire part, je souhaite, madame la secrétaire d’État, que vous me fassiez connaître les intentions du Gouvernement en matière de déclassement du statut du loup en vue d’une protection moins stricte et que vous m’indiquiez si vous envisagez d’entreprendre des démarches en ce sens au niveau européen.

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