Intervention de Sylvie Goy-Chavent

Réunion du 21 novembre 2017 à 9h30
Questions orales — Élevage industriel et développement durable

Photo de Sylvie Goy-ChaventSylvie Goy-Chavent :

Durant la campagne pour l’élection présidentielle, Emmanuel Macron défendait une agriculture de proximité, respectueuse de l’environnement. Je suis donc surprise que, à peine élu, le président Macron ait fait supprimer les aides de l’État au maintien de l’agriculture biologique.

À la suite de ce revirement, un grand quotidien national a titré en ces termes : « Le Gouvernement pense notre lendemain avec les concepts d’hier ». Selon un autre grand quotidien, « le Gouvernement fait le choix de l’agrobusiness ».

Dans mon département, l’Ain, pays de la volaille de Bresse, les services de l’État examinent actuellement un projet d’élevage industriel de 40 000 poulets en batterie sur 1 800 m2, soit 21 poulets au mètre carré.

Pour le Gouvernement, entasser sur du béton des animaux ne voyant jamais la lumière du jour et gavés de cocktails d’antibiotiques, et j’en passe, représente-t-il le modèle à suivre en matière agricole et alimentaire ?

Peut-être me répondrez-vous qu’il convient de faire preuve de pragmatisme. Auquel cas je vous demanderai quelle est la frontière entre le pragmatisme et le renoncement !

En 1976, dans la comédie L’aile ou la cuisse, le réalisateur Claude Zidi dénonçait déjà la nourriture industrielle et la malbouffe. Dans ce film, le critique gastronomique Duchemin, interprété par l’excellent Louis de Funès, faisait triompher la vérité face à l’infâme industriel Tricatel, qui cherchait à nous empoisonner pour faire du profit.

Quarante ans plus tard, la fiction est malheureusement devenue réalité. Nous ingurgitons du faux fromage à base d’huile de palme et nous mangeons des manchons de poulet reconstitués à partir de déchets d’os recouverts de gel et de peinture alimentaire – j’ai personnellement assisté à leur fabrication…

Je doute que l’on prépare ce type de nourriture dans les cuisines de l’Élysée, mais, dans les salons ministériels, on doit malheureusement juger qu’elle est assez bonne pour nos enfants !

Plus qu’au ministre ou à son représentant, je m’adresse par votre intermédiaire, madame la secrétaire d’État, à Nicolas Hulot, au citoyen engagé qui s’est longtemps battu pour sensibiliser les Français à l’écologie et qui défendait un autre modèle de société. Pour quel modèle de développement optez-vous : Tricatel ou Duchemin, l’agrobusiness ou une agriculture de qualité ?

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