Intervention de Brune Poirson

Réunion du 21 novembre 2017 à 9h30
Questions orales — Impact du projet europacity

Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire :

Monsieur le sénateur, M. Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire, ne pouvait malheureusement être présent aujourd’hui. Il m’a chargée de vous répondre à sa place.

Le projet d’extension urbaine de très grande ampleur que vous évoquez pose la question de la refondation de notre modèle d’aménagement commercial, pour le rendre plus respectueux de la préservation des espaces agricoles et naturels.

En effet, la construction de 800 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires interviendrait alors même que la région dispose aujourd’hui de près de 3, 5 millions de mètres carrés vacants. Ce projet prévoit également la création de 250 000 mètres carrés de commerces à proximité immédiate d’un centre commercial qui connaît lui-même des difficultés. De plus, la création de ces nouvelles surfaces commerciales ne pourrait se faire qu’au détriment des commerces de proximité.

La desserte de ce complexe, malgré le projet de création d’une gare du futur Grand Paris Express, requerra de façon majoritaire le recours à la voiture. Cet aménagement contribuera donc à la congestion du trafic, déjà très dense dans ce secteur, à la dégradation de la qualité de l’air, mais aussi à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, l’implantation du projet est incompatible avec les objectifs de préservation des terres agricoles et de lutte contre l’artificialisation des sols inscrits notamment dans le schéma directeur de la région d’Île-de-France, le SDRIF. Le projet EuropaCity consommerait à lui seul 80 hectares de terres agricoles, qui sont les plus fertiles d’Île-de-France et sont nécessaires à la satisfaction des besoins alimentaires de la capitale dans le cadre de circuits courts d’approvisionnement.

Malgré plusieurs avis défavorables, le plan local d’urbanisme de la ville de Gonesse, révisé en octobre dernier, autorise l’ouverture à l’urbanisation du triangle de Gonesse. Le commissaire enquêteur a également rendu des conclusions défavorables, relayant des préoccupations de la population exprimées lors de la concertation.

Pour toutes ces raisons, je ne peux que m'interroger sur la compatibilité du projet, dans son état actuel, avec les politiques de transition écologique et solidaire que Nicolas Hulot et moi-même soutenons.

Nous avons néanmoins conscience que ce projet pourrait contribuer au développement économique régional, le triangle de Gonesse ayant été identifié comme un territoire stratégique pour le Grand Paris. Ce projet a été soutenu par le précédent gouvernement et continue d’être accompagné par un opérateur de l’État. Aussi semble-t-il nécessaire d’engager, sur ce dossier, un travail interministériel, en tenant compte des attentes des collectivités concernées, pour redéfinir la position du Gouvernement et étudier quelles pourraient être les alternatives ou évolutions possibles.

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