Intervention de Ladislas Poniatowski

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 24 octobre 2017 à 17h00
Projet de loi de finances pour 2018 — Audition de M. Jean-Yves Le drian ministre de l'europe et des affaires étrangères

Photo de Ladislas PoniatowskiLadislas Poniatowski, rapporteur pour avis au titre du programme 105, « Action de la France en Europe et dans le monde » :

Monsieur le ministre, j'ai le sentiment que, dans votre tête et dans votre coeur, vous êtes toujours le ministre de la défense et pas encore complètement le ministre des affaires étrangères. N'y voyez pas une critique, car j'ai soutenu les actions que vous avez entreprises ces dernières années bien que n'appartenant pas à votre formation politique.

Quelle place souhaitez-vous donner à la France dans le monde ? Pour évaluer cette place, quelques critères sont importants. Vous avez évoqué le premier : notre réseau diplomatique, le nombre d'ambassades et de consulats. Or nous reculons : il y a quatre ans, nous sommes passés du 2e au 3e rang, les Chinois nous ont dépassés. Les efforts financiers de l'Allemagne - heureusement que l'Angleterre a des problèmes ! - ne la placent plus très loin derrière nous. Vous n'avez pas le droit de baisser les bras, le président de notre commission vous l'a rappelé. Je pense que ce serait un mauvais service à rendre à la France de continuer à vendre son patrimoine diplomatique - nous ne vous soutiendrons jamais si vous envisagez de vendre la résidence de Londres, car ce serait un très mauvais signal donné à la communauté internationale.

Vous avez évoqué un second critère, monsieur le ministre : toutes les contributions de la France aux différents organismes et agences. Certaines sont obligatoires (ONU, OTAN, OMS, OIT, Unesco), les autres sont volontaires, en fonction de nos moyens. Sur ce point, notre situation n'est franchement pas très glorieuse : nous perdons des places. Trois exemples concrets : pour le programme du haut-commissariat aux réfugiés, nous sommes le 14e contributeur, pour l'Unicef, nous sommes le 16e contributeur, pour le Programme alimentaire mondial, nous sommes le 19e contributeur.

Je termine sur un point qui devrait vous toucher : les dons aux pays pauvres, versés notamment à ces pays de la zone du Sahel qui vous tiennent à coeur. À quoi sert-il de dépenser plusieurs centaines de millions d'euros dans le domaine militaire dans cette zone très tendue, si l'on abandonne tout le reste, les écoles, les routes, les hôpitaux ? Ce ne sont pas seulement les Allemands qui prennent la relève avec leur programme GIZ - quand on ne donne plus que 200 millions d'euros, ils en donnent un milliard -, mais ce sont aussi les djihadistes qui installent des écoles musulmanes.

Monsieur le ministre, qu'allez-vous faire pour que nous puissions continuer à rayonner d'une manière forte ?

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