Intervention de Jean-Marie Bockel

Réunion du 4 décembre 2017 à 18h30
Loi de finances pour 2018 — Compte de concours financiers : prêts à des états étrangers

Photo de Jean-Marie BockelJean-Marie Bockel :

Actuellement, deux impératifs me semblent s’imposer à nous : le premier est de tout mettre en œuvre pour stabiliser le Sahel afin de pouvoir y réduire à terme une présence militaire très coûteuse ; le second, qui est transversal, est de mieux faire jouer les synergies entre la coopération, la promotion de nos entreprises et le développement de notre commerce extérieur.

Une politique d’aide au développement ne peut évidemment se réduire à la dimension budgétaire. Il existe une spécificité française. Pour autant, il est légitime de s’interroger sur les moyens, comme d’autres orateurs l’ont fait avant moi.

Je ne reprendrai pas ce qui a été fort bien dit des différents chiffres et des engagements du Président de la République de porter l’ensemble de l’aide publique de 0, 38 % à 0, 55 % du RNB. Si d’autres présidents de la République ont pris des engagements avant lui, il est important de tout faire pour s’y tenir.

Comme le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées l’a souligné, le retard pris par rapport à nos voisins et concurrents – je pense notamment à l’Allemagne et au Royaume-Uni – est considérable. Nous devons nous mettre à niveau, même si tout ne se réduit pas au budget.

M. Requier a souligné que des efforts avaient été faits pour soutenir l’action du principal opérateur de notre politique d’aide au développement, l’AFD, et que nous disposions de nouveau d’une certaine force de frappe. Toutefois, la comparaison avec les outils similaires dont disposent les pays que je viens de citer montre que nous avons encore une marge de progression. « Crantons » ce que nous avons, c’est déjà un progrès.

En 2017, par exemple, l’AFD a mis en place la « Facilité d’atténuation des vulnérabilités et de réponse aux crises », dotée de 100 millions d’euros par an, dont le Sahel constitue l’une des quatre régions de mise en œuvre. Cet instrument, très attendu, que notre commission avait appelé de ses vœux, a suscité un véritable engouement de la part des ONG. Il s’est toutefois avéré que les procédures de l’Agence française de développement ne permettaient pas de mettre en place des projets de développement dans un délai aussi rapide que souhaité.

Il nous reste donc du chemin à parcourir pour articuler avec efficacité l’action humanitaire, la stabilisation et les projets de développement dans les pays en sortie de crise.

Plusieurs de nos collègues ont également évoqué l’excellente agence Expertise France, outil récent qui fonctionne et qui a besoin d’être encore conforté, notamment par de la commande publique en provenance de l’AFD. Je ne sais pas si la fusion de ces deux organismes, comme évoquée par M. Yung, est une bonne idée. Je pense qu’à chaque jour suffit sa peine. Confortons Expertise France, ce sera déjà un progrès.

Au total, toutes les conditions d’une remontée en puissance de notre politique d’aide au développement sont réunies. Ne manquent qu’une stratégie plus lisible et une volonté politique forte. Le groupe Union Centriste fait le pari que la volonté de tenir cet objectif existe bel et bien. Nous serons attentifs, étape par étape, à sa mise en œuvre, l’évaluation étant l’une des attributions du Parlement.

Voulant faire le pari de la réussite et de la sincérité des engagements, notre groupe adoptera les crédits de la mission « Aide publique au développement ».

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