Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ce débat sur les moyens de notre diplomatie est évidemment essentiel.
La France a une grande diplomatie, universelle et indépendante, héritée de son histoire, maintenue par son engagement constant au service de la stabilité et de la paix. Dans un monde dangereux et instable, la voix de la France est essentielle.
Daech, Crimée, Corée du Nord, Brexit, orientation nouvelle de l’administration américaine : chacune à leur manière, ces ruptures stratégiques nous ont propulsés dans une ère d’instabilité. Tous les repères de l’ordre international établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale semblent aujourd’hui vaciller.
Démonstration de la puissance des États-continents, de la Chine, de l’Inde, de l’Iran ; émergence africaine ; montée du terrorisme islamiste radical, qui ravage le Moyen-Orient, déstabilise le Sahel, menace le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest ; affrontement entre chiites et sunnites ; remise en cause des libertés en Turquie ; retour de la force et du nationalisme en Russie… Et voilà que notre projet européen lui-même est atteint dans sa dynamique et dans son essence, que notre alliance militaire la plus étroite, l’Alliance atlantique, est questionnée.
Dans ce monde « zéro-polaire », la France est un partenaire fiable, prédictible, crédible, solide. Rendons-en hommage à nos diplomates. Notre diplomatie indépendante, universelle, qui parle à tous et s’ingénie à proposer des solutions politiques aux crises, est à la foi crédible et attendue. Encore faut-il, monsieur le ministre, lui en donner les moyens.
Tel est le cadre dans lequel prend place l’examen de ce budget, d’un peu plus de 3 milliards d’euros, traditionnellement très contraint par les dépenses obligatoires. Saluons le fait qu’il est globalement stabilisé. Les différents rapporteurs en ont très bien décrit les enjeux ; je me contenterai donc, en complément de leur travail très approfondi, de relever deux ou trois points d’inquiétude ou de vigilance.
L’immobilier, d’abord. Ladislas Poniatowski a bien décrit les failles d’un modèle qui consiste à vendre nos joyaux pour financer l’entretien du réseau. Quand on vend du patrimoine historique pour pouvoir réparer les chaudières et refaire les peintures, quel message envoie-t-on ? C’est dévastateur en matière d’image et d’influence. C’est même, quelque part, un aveu de déclassement.
Je m’associe donc, comme toute la commission, à la demande de M. le rapporteur : monsieur le ministre, confirmez-vous l’engagement pris devant nous de ne pas vendre nos résidences à Londres et, plus généralement, tout emplacement symbolique, car c’est un enjeu d’image pour notre pays ? Nous ne sommes pas obligés de refaire l’erreur du palais Clam-Gallas de Vienne.