Intervention de Olivier Cadic

Réunion du 4 décembre 2017 à 21h20
Loi de finances pour 2018 — Action extérieure de l'état

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

J’espère que chacun en prend conscience…

Voilà plus d’un an déjà, la Cour des comptes dénonçait un réseau d’enseignement « fragilisé », et invitait les autorités publiques à « insuffler une nouvelle dynamique ». Le réseau de l’AEFE plafonne à 495 établissements scolaires et à 342 000 élèves, dont 60 % d’étrangers. On se flatte de le voir progresser de 2 % par an. On claironne que nous sommes le seul pays à bénéficier d’un réseau d’écoles à l’étranger, que nous rayonnons !

Pourtant, il se crée environ 700 écoles anglo-américaines chaque année dans le monde, soit deux par jour. Leur nombre avoisine actuellement 9 000, pour 5 millions d’enfants. Elles sont donc près de vingt fois plus nombreuses que les nôtres ! Ajoutons que 3 300 nouvelles écoles libres anglo-saxonnes devraient voir le jour d’ici à la fin du présent quinquennat. On prévoit qu’elles seront au nombre de 16 000 à travers le monde d’ici à dix ans.

Cette coûteuse singularité française met notre budget à genoux. Combien d’années encore ? Alors que le réseau de l’AEFE accueille seulement 25 % des enfants français résidant à l’étranger, contre plus de 50 % en 1980, le contribuable français aura-t-il à financer la fréquentation de ses écoles par 200 000 élèves étrangers, quand des millions d’élèves se précipitent vers les écoles anglo-saxonnes, sans que cela coûte rien aux contribuables américains ou britanniques ? Pendant ce temps, des dizaines de milliers d’enfants français nés à l’étranger n’ont pas accès à l’apprentissage de notre langue et ne la parlent pas.

La compétition est aujourd’hui mondiale, et les marges de manœuvre de plus en plus contraintes. Notre influence dépendra donc de notre capacité à nous renouveler et à nous mesurer à des pays concurrents de plus en plus innovants, de plus en plus audacieux.

Atrophié, le réseau AEFE est condamné àdisparaître. §Anticipons donc, monsieur le ministre.Sortons des modes de pensée routiniers et entronsde plain-pied dans l’enseignement libre du XXIe siècle !

Dans un contexte concurrentiel marqué par l’expansion des écoles libres, le maintien de 74 établissements « en gestion directe » n’est plus tenable. Les obstacles administratifs à l’homologation d’une nouvelle école doivent être levés.

Je vous propose de revoir votre programme en fixant deux objectifs à notre enseignement à l’étranger : viser la maîtrise du français par 100 % des enfants français vivant à l’étranger, en créant un chèque éducation ; doubler le nombre d’écoles françaises d’ici à cinq ans, pour que le réseau compte 1 000 écoles, puis 2 000 écoles d’ici à dix ans, en libérant le système. Créons le nouvel élan que tout le monde attend.

J’entends bien les arguments en défense de la « spécificité française » émanant des conservateurs de tous bords, mais maintenir l’universalité de notre diplomatie et les moyens de notre influence est un défi quotidien, sans cesse renouvelé, et la France est aujourd’hui bien mal armée pour le relever, du fait d’un déséquilibre de son budget.

À vouloir rayonner avec des chandelles, on en arrive à faire des économies de bouts de chandelles. Nous le verrons au travers des amendements que nous allons examiner.

Malgré l’absence de rupture avec le précédent quinquennat, le groupe Union Centriste votera les crédits de la mission.

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