Madame la sénatrice, le recrutement est l’enjeu crucial pour tout le système éducatif.
La crise dont vous parlez concerne surtout le second degré. Dans le premier degré, les 13 000 postes proposés au concours – le recrutement conservera cet ordre de grandeur dans les années à venir compte tenu des postes que nous créons dans le primaire – sont pourvus. On pourrait discuter de l’attractivité de la fonction de professeur des écoles, mais elle ne connaît pas de crise grave.
En revanche, dans le second degré, nous faisons face à une crise importante, qui a à la fois une dimension mondiale et une dimension française.
Sur le plan mondial, on observe que la fonction professorale manque d’attractivité dans certaines disciplines, en particulier les mathématiques et les disciplines scientifiques et technologiques. Il faut mesurer la dimension structurelle de ce phénomène pour tenter d’y remédier.
La crise a aussi une dimension proprement française, peut-être liée aux problèmes de gestion que vous avez mentionnés.
À la dimension structurelle de la crise, la réponse la plus importante est le prérecrutement. Nous devons être capables, au cours des prochaines années, d’inciter des jeunes qui ont des dons et le désir de faire carrière dans l’enseignement, notamment, des mathématiques, des sciences ou des technologies, à s’orienter vers le professorat, au travers de mesures tant matérielles qu’immatérielles.
Sur le plan immatériel, qui est peut-être le plus important, il s’agit de valoriser dans notre société la fonction de professeur. C’est ce à quoi je m’emploie tous les jours. Le professeur doit être au centre de la société française. Il doit être valorisé, dans tous les sens du terme.
D’un point de vue plus pratique, en matière de prérecrutement, nous allons développer les bourses et faire évoluer la fonction d’assistant d’éducation, afin de diriger davantage d’étudiants vers la fonction professorale.
Dans le futur, la mise en œuvre de cette politique doit se traduire par une augmentation du nombre et de la qualité des candidats aux concours. Par le passé, trop souvent, la barre d’admission a été placée bas, sans que cela permette, pour autant, de pourvoir tous les postes : 80 % le sont en moyenne, mais, dans les disciplines que j’ai mentionnées, le taux peut être inférieur.
Restaurer l’attractivité de la fonction permettra de rehausser progressivement le niveau d’exigence : ainsi s’enclenchera un cercle vertueux, ce qui permettra d’améliorer la qualité du système français d’enseignement. Nous avons commencé ce travail.