Intervention de Stéphane Piednoir

Réunion du 7 décembre 2017 à 22h10
Loi de finances pour 2018 — Recherche et enseignement supérieur

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à la lecture des différents rapports et interventions relatifs aux crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur », il ressort un sentiment assez général, partagé par la plupart des groupes politiques de notre assemblée, de bienveillance globale.

Il me semble en effet que nous sommes nombreux sur ces travées à considérer que ce budget a été construit sur des bases de sincérité, avec la volonté de répondre aux importants enjeux liés à cette mission.

En hausse de 2, 7 % sur les autorisations d’engagement, ce premier budget du quinquennat vise d’abord à digérer les dernières mesures salariales prises l’an dernier, il est vrai en pleine période électorale. Il envoie aussi un signal positif aux élèves et étudiants de notre pays, au moment même où vous présentez un plan Étudiants, sur lequel je reviendrai.

Toutefois, cette bienveillance s’accompagne d’une vigilance. Je veux tout d’abord souligner l’augmentation constante des effectifs dans l’enseignement supérieur. Avec les pics démographiques des années 2000 et 2001, et de façon encore plus accentuée entre 2005 et 2014, il s’agit surtout de prendre en compte l’évolution positive du nombre de bacheliers et du taux de poursuite dans l’enseignement supérieur. Pour ne donner qu’un chiffre, la projection du ministère fait apparaître 361 000 inscriptions supplémentaires à la rentrée 2025, comparativement à 2015.

Comme il est indiqué dans le rapport pour avis de Jacques Grosperrin, c’est le signe d’un dynamisme évident et aussi la promesse d’une réussite pour notre pays. Chacun le sait ici, gouverner, c’est prévoir. Il est donc légitime de s’interroger sur les moyens mis en œuvre par le Gouvernement pour répondre à cette augmentation.

Par ailleurs, chacun le sait également, la répartition des étudiants par filière est très inégale. Elle ne répond pas toujours à des besoins réels en termes de débouchés et conduit à des tensions récurrentes.

Nous touchons là au délicat sujet de l’orientation, à propos duquel je valide pleinement à la fois les diagnostics et les préconisations de l’excellent rapport réalisé l’an dernier par Guy-Dominique Kennel.

Madame la ministre, je partage les objectifs d’accompagnement et de meilleure orientation des élèves, notamment pour pallier le taux d’échec important en licence, constaté de manière si régulière depuis plusieurs décennies. Le processus d’orientation s’inscrit dans un temps long. Il doit évidemment tenir compte des aspirations de chaque élève, mais nécessite aussi une analyse de ses aptitudes à suivre tel ou tel cursus.

Dès lors, permettez-moi de douter de l’efficacité de certaines mesures du plan Étudiants, prises dans la précipitation, notamment la désignation d’un second professeur principal dans chaque classe de terminale, dans un délai très contraint, alors même que, pour cette mission chronophage et peu valorisée, on peine à trouver suffisamment de volontaires.

Pas plus tard qu’hier, lors d’une réunion de la commission de la culture, Philippe Vincent, secrétaire général adjoint du SNPDEN, le Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale, nous apprenait que seuls 15 % des proviseurs de lycées avaient recruté, à ce jour, ce second professeur principal.

Quand allons-nous cesser de faire faire aux professeurs tout et n’importe quoi, sans formation préalable ? Pourquoi oublier délibérément dans ce dispositif les conseillers d’orientation-psychologues ? Cela traduit-il la volonté de faire disparaître cette profession ? Voilà beaucoup d’interrogations auxquelles le plan Étudiants ne répond pas.

Une orientation réfléchie doit aussi se traduire par une affectation cohérente. Quoi qu’on en dise, la procédure APB, admission post-bac, a rendu dans ce domaine les services attendus lors de sa mise en place. Elle est victime aujourd’hui d’effectifs devenus trop importants. Il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. À titre personnel, je ne suis pas de ceux qui pensent que l’ancien monde n’a que de mauvais côtés !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion