… et qui doit cesser d’être considéré comme une formation dévalorisante ; il n’y a qu’à considérer l’importance de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur ! Sur ce sujet, monsieur Adnot, je souhaite vous rassurer : la taxe d’apprentissage continuera à financer les formations de l’enseignement supérieur.
Le deuxième point sur lequel je veux revenir a été longuement et plusieurs fois débattu : c’est le mode de financement par l’ANR, mais aussi la recherche partenariale ou encore les plans nationaux.
Je vous confirme, monsieur Ouzoulias, que l’acharnement confine parfois à l’absurdité. §Il ne faut pas opposer la recherche de base et la recherche sur projets. Et il était très important de redonner aussi de la respiration à la recherche sur projets, tout simplement parce qu’elle permet à de jeunes équipes et à de jeunes chercheurs de s’émanciper, de porter un projet, donc de poser les bases et la fondation d’une future unité mixte de recherche. Il est donc absolument essentiel que nous soyons en capacité de faire émerger, par la recherche sur projets, nos équipes de recherche d’excellence de demain.
Le taux de financement de l’ANR, avec une sélectivité extrêmement forte, est évidemment une question importante. Nous nous engagerons, tout au long du quinquennat, pour revenir à une sélectivité qui ne décourage pas les chercheurs de déposer des projets auprès de l’ANR. Vous avez eu raison, monsieur Rapin, monsieur Lafon, de mentionner ce problème.
Toutefois, l’ANR nous permettra aussi, au travers de financements extrabudgétaires qu’elle contrôle, de financer un certain nombre de plans. En effet, madame Darcos, vous avez raison, de nombreux plans nationaux ont été annoncés sans être financés, et, bien sûr, nous travaillons à mettre au point leur financement.
Au-delà de ce travail, nous souhaitons, en lien notamment avec les priorités de l’Europe, être en capacité de lancer des plans nationaux. Le premier, sur le climat, a été engagé et confié au CNRS ; il y en aura un sur l’intelligence artificielle, confié à l’INRIA, l’Institut national de recherche en informatique et en automatique, et un sur la problématique de l’antibiorésistance, qui sera confié à l’INSERM, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Bref, l’objectif est que nous soyons aussi capables de définir des stratégies nationales de recherche.
Cela nous amène à la façon dont nous comptons soutenir nos équipes de recherche dans le dépôt de leurs projets et contribuer à leurs succès aux appels à projets européens.
Nous comptons agir de deux façons différentes. Tout d’abord, je participe extrêmement activement à l’ensemble des commissions qui se déroulent à l’échelon européen. Évidemment, si l’on est absent de ces commissions, on a un peu de mal à préparer les objectifs et les priorités du programme-cadre à venir… A contrario, lorsque l’on est présent, il est plus facile de les préparer. Et nous les préparons, bien sûr, en fonction des forces de notre pays.
Notre second objectif essentiel est, au niveau de l’Europe, de simplifier les procédures et, au niveau national, d’aider nos équipes à déposer des projets. De cette façon, je ne doute pas que nous aurons de meilleurs taux de réussite.
J’ajouterai un mot, pour finir, sur le paysage de l’enseignement supérieur, sur le plan Étudiants et sur le projet de loi proprement dit. Vous avez raison, monsieur Grosperrin, nous n’avons pas le droit à l’échec ; je suis d’autant plus déterminée à réussir que j’en suis parfaitement consciente.
Plusieurs défis sont devant nous. Il s’agit tout d’abord de la convergence du premier cycle de l’enseignement supérieur : nous devons faire en sorte que les universités et les grandes écoles se rapprochent et travaillent en synergie, sans pour autant se fondre les unes dans les autres et en mettant en avant, chacune, leurs spécificités. Tel est d’ailleurs l’objet d’un article d’un projet de loi que vous aurez à examiner prochainement, mesdames, messieurs les sénateurs, mais qui n’est pas le projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants.
Plus spécifiquement, s’agissant dudit plan relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants, la plateforme sera présentée avant les vacances de Noël. Je souhaite rassurer tout le monde : je n’ai jamais dit que c’est l’algorithme qui avait péché. Ce que j’ai toujours dit, en revanche, c’est que le non-fonctionnement de la plateforme APB, ou admission post-bac, était imputable à un défaut de choix politique.
Reste que la CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés, nous oblige aujourd’hui à changer de système, et nous ne pouvons pas conserver un algorithme entièrement automatisé. C’est pourquoi nous en avons imaginé un autre, qui est en simulation, qui fonctionne, et que nous aurons le plaisir de présenter avant les vacances de Noël.
Il est de notre responsabilité à tous, nous, adultes, de rassurer les lycéens sur le fait que les choses vont bien se passer pour eux. Notre objectif ultime, c’est d’être capables de les accompagner en prenant en compte leur diversité et de cesser de les jeter au milieu de la piscine alors même qu’ils ont encore besoin d’apprendre à nager. C’est là tout l’objectif du plan Étudiants !