Les aides directes pour les étudiants, dans votre projet de budget, sont en baisse. Or, vous le savez, la situation des étudiants est catastrophique. Un quart d’entre eux bénéficient d’une bourse dont le montant maximal se situe autour de 555 euros, c’est-à-dire en dessous du seuil de pauvreté, et 50 % des étudiants sont salariés. Ce dernier chiffre doit faire réfléchir : ce n’est pas du travail choisi, vous le savez, madame la ministre.
Vous savez aussi, d’expérience, que lorsqu’un étudiant a passé le samedi et le dimanche à la caisse d’un grand supermarché, son attention, le lundi, est toute relative. Le taux élevé de salariés parmi la population étudiante pose donc aussi un problème pour la qualité de notre enseignement – c’est un point important.
Par ailleurs, je crois que vous l’avez dit, madame la ministre, les conditions matérielles d’études sont devenues extrêmement mauvaises. Nombre d’établissements fonctionnent en deçà des critères de sécurité. Et puisque l’on a parlé des bibliothèques, je vous rappelle que l’on compte en la matière, en France, une place pour douze étudiants, soit moitié moins à peu près qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne.
Sur leurs conditions d’études, les étudiants expriment de façon quotidienne leur fatigue ; ils nous parlent d’une sorte de combat pour la survie. Dans leur langue parfois très imagée, ils nous disent que la fac, aujourd’hui, est devenue une préparation journalière à Koh-Lanta, donc un exercice compliqué.
Vous l’avez vu : nous avons puisé dans les crédits dédiés aux établissements privés, qui représentent environ 18 % des étudiants. L’objectif n’est pas de les supprimer – j’ai déjà dit ici que j’étais favorable à la liberté d’enseignement, et même à la libre-pensée !
Toutefois, sur le fond, il nous a semblé important que, comme pour les établissements scolaires, l’État module ses aides à raison de la fonction sociale des établissements. De ce point de vue, il nous semblerait légitime de donner plus aux établissements qui font l’effort d’accueillir les enfants des familles les plus modestes.