Le CICE représente pour Michelin 26 millions d'euros, pour une masse salariale, en France, de 1,3 milliard d'euros. Le coût moyen des collaborateurs et des cadres en France n'est pas compétitif. Si nous voulons l'usine du futur, il faut attirer les meilleurs. La désindustrialisation française n'est pas si vieille. Nous devons trouver le moyen d'offrir des salaires attractifs ; pour cela, il faut que leur coût chargé ne soit pas rédhibitoire pour l'employeur. À cet égard, le CICE joue un rôle positif.
Quant à la formation professionnelle, je me suis rendu récemment à la journée de la promotion des jeunes alternants 2017-2018 pour Michelin. Il y avait 450 jeunes venant de 170 établissements différents de France, et dont le niveau de formation allait du CAP au Bac + 5. La moitié d'entre eux poursuivront leur chemin chez Michelin ; les autres trouveront immédiatement du travail. C'est pour nous une bouffée d'oxygène extraordinaire. Tout en aidant des jeunes à s'intégrer dans la vie professionnelle, nous développons notre attractivité industrielle et nous nous assurons le concours des talents dont nous avons besoin : c'est gagnant-gagnant.
Nous dépensons 6,5 % de notre masse salariale en formation, ce qui représente un million d'heures de formation par an - non compris l'effort, atypique, de Roanne. Nous dispensons une formation initiale et continue.
Le projet Campus Entreprises, reposant sur un partenariat public-privé, est un véritable incubateur social dans la région, qui connaît à la fois un taux de chômage élevé, et une pénurie de certaines compétences, notamment en maintenance ou dans certains métiers de qualification pour la production. Nous nous sommes donc rassemblés, avec le rectorat et les grandes entreprises de la région pour abriter dans nos locaux un nouveau modèle de formation. Ce n'est pas une formation Michelin mais une formation pour tous à des métiers, susceptible de rééquilibrer l'offre et la demande. Cette école sera complètement digitalisée et proposera des parcours innovants, une pédagogie rénovée avec le concours de l'Éducation nationale, et des filières pour les personnes qui décrochent - car ce projet de 28 millions d'euros, dont la moitié sont apportés par Michelin, comporte une responsabilité sociale. Elle sera inaugurée en septembre 2019. Ce projet montre bien la façon dont on doit prendre à bras le corps la formation pour nos jeunes et pour les entreprises.