En prévision de la COP23, les parlementaires africains s’étaient réunis à Rabat, au mois d’octobre dernier, pour élaborer une déclaration, remise à Bonn au Premier ministre fidjien, président de la conférence des Nations unies sur le changement climatique. Ce document souligne avec justesse que l’Afrique ne contribue que dans une mesure infime aux émissions de gaz à effet de serre, avec moins de 4 % des émissions totales, et que « le financement d’un plan stratégique de développement en Afrique est une question de réparation des dommages historiques et d’équité à même de conjurer les effets négatifs des déséquilibres climatiques sur le continent ».
Les auteurs de cet appel unanime s’interrogeaient par ailleurs sur la tenue des engagements financiers à l’égard du Fonds vert pour le climat. Cet instrument financier devait promouvoir l’énergie verte dans les pays les moins avancés ; le retrait des États-Unis est une source d’inquiétude.
Si ces pays sont réduits à attendre les 100 milliards de dollars par an promis à partir de 2020, le cauchemar climatique, lui, n’attend pas : montée des eaux aux îles Fidji, disparition de terres, sécheresses inédites dans l’histoire de la Corne de l’Afrique, ouragans ne laissant plus un arbre debout aux Îles Vierges… C’est là toute l’injustice de la situation : les moins responsables sont les plus vulnérables et les plus touchés.
Les parlementaires de ces pays en voie de développement attendent des actions et se disent las de toute cette « belle littérature ». Nous parlons d’un processus de négociations axé sur les financements et les transferts technologiques tandis que, en attendant la réalisation des promesses qui leur ont été faites, ils ne vivent que l’urgence.
N’oublions pas qu’aujourd’hui 300 millions de personnes, notamment les habitants des petits États insulaires – les îles Maldives, Marshall, Fidji… –, voient leur quotidien, leur histoire, leur vie même directement menacés par ce bouleversement climatique. Oui, des États vont purement et simplement disparaître !
À Bonn, des milliers de manifestants ont défilé pour la lutte contre le changement climatique. Il s’agissait d’accentuer la pression sur les dirigeants que nous sommes. J’ai moi-même été frappée et émue par l’appel des parlementaires africains, qui ne demandent pas l’aumône, mais attendent un investissement à la hauteur de nos responsabilités.