Il existe des différences profondes au sein de l'Union européenne, notamment avec les pays d'Europe centrale et orientale, qui se tournent plus volontiers vers l'OTAN que vers l'Union européenne pour leurs achats de matériel militaire. Ces pays refusent également notre politique d'immigration - à leur décharge, ils n'ont jamais eu de colonies, et ont au contraire été eux-mêmes colonisés par leur grand voisin. Enfin, nos divergences avec eux concernent aussi l'État de droit.
Ces divergences profondes n'ont pas échappé à la Chine dont le Premier ministre est venu le 27 novembre dernier à Budapest participer à une rencontre avec seize États d'Europe centrale, orientale et des Balkans. Même les bons élèves que sont l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie y étaient. La Chine met à disposition 3 milliards d'euros pour moderniser le chemin de fer qui va du Pirée à Budapest - deux villes situées dans l'Union européenne - en passant par Belgrade, et construire une centrale à charbon en Bosnie-Herzégovine. Le Président de la République tchèque a déclaré que son pays était le guichet d'entrée de la République Populaire de Chine dans l'Union européenne, et les Grecs considèrent que, là où l'Europe punit par l'austérité, la Chine investit. Aux yeux de ces seize pays, la Chine apparaît comme l'inverse de l'Union européenne puisque, peu regardante sur l'État de droit, elle ne conditionne pas son aide financière à l'accueil de migrants. Certes, les chiffres annoncés sont encore très loin des montants investis par l'Union européenne. Mais ils devraient nous inciter à élargir notre réflexion à la prise en compte de cette volonté d'un pays extérieur de s'infiltrer.