Nouvelle astuce budgétaire : la dépense du CICE sera reportée sur les années qui viennent pour un coût de 3, 5 milliards d’euros.
Les entreprises françaises qui figurent dans le club des cent premières mondiales – Total, LVMH, L’Oréal, Sanofi – existaient déjà avant-guerre et aucune ne porte les couleurs des nouvelles technologies, alors que les quatre premières entreprises américaines – Apple, Alphabet, Microsoft, Facebook – ont vingt ans ou moins et portent ces nouvelles technologies. Pourtant, dans les comparatifs mondiaux, la France demeure compétitive en matière de brevets, de start-up, d’entreprises innovantes, mais qu’avez-vous fait pour qu’elles puissent se développer en France ? Qu’avez-vous fait pour soutenir un véritable renouvellement du tissu industriel ? Qu’avez-vous fait pour un meilleur accès au capital de ces pépites qui partent en Amérique du Nord ou ailleurs, la Chine par exemple si on pense à la dernière entreprise concernée, eDevice ?
Comme réponse, vous n’avez que la BPI, qui est certes nécessaire et utile, mais qui n’induit environ que 40 milliards d’euros d’investissements pour les entreprises, contre 900 milliards d’euros pour le système bancaire. Il eût fallu améliorer le système et assouplir les règles au profit des nouvelles entreprises, afin qu’elles puissent se développer.
La farce sur l’imposition des actions distribuées gratuitement, mécanisme que la loi Macron avait mis en place au profit des start-up, est particulièrement édifiante quant aux marqueurs idéologiques qui vous entravent pour entrer dans une modernité qui recherche plus la réussite d’un projet qu’une rente.
Enfin, je souhaite dire quelques mots sur la réduction continue des crédits des chambres de commerce et d’industrie, qui constituent pourtant le meilleur partenaire qui soit pour les formations en alternance. Dans un pays qui bat des records de chômage – 25 % chez les jeunes, contre 7 % en Allemagne, où ce type de formations est très important –, comment avez-vous pu vous obstiner pendant cinq ans à diminuer les crédits de ceux qui sont nos meilleurs alliés en la matière ?
Sur tous ces dossiers stratégiques, vous n’avez rien fait de sérieux. M. Hollande attendait un retournement de cycle pour améliorer un bilan détestable…
L’économie n’est pas une science exacte, mais une matière vivante qui intègre beaucoup de psychologie et encore plus de confiance. Avec des impositions à 75 % affichées dans un programme électoral comme des futurs trophées, l’hypothèque de ce quinquennat était malheureusement déjà enregistrée.
Le niveau des prélèvements obligatoires et confiscatoires à 46 % démoralise les ménages, paralyse l’initiative privée et accélère la fuite des patrimoines. La surfiscalisation, que vous avez aggravée, est devenue un obstacle majeur au redressement du pays. Refuser de l’admettre est une faute !
Quand un gouvernement réussit le double exploit d’atteindre des sommets en matière de prélèvements obligatoires et de porter à 2 170 milliards d’euros le montant de la dette, ainsi proche de 100 % du PIB, le Haut Conseil des finances publiques, présidé par le plus haut magistrat de la Cour des comptes, n’est pas une machine à générer de l’anxiété, comme cela a été dit à l’Assemblée nationale, mais le garde-fou de tous vos dérapages.
Pour toutes ces raisons, la motion de censure déguisée que nous présenterons est une bonne chose, et je suis heureux de pouvoir, avec nombre de collègues, la porter.