Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’enseignement scolaire est l’avenir de notre pays. Or chacun sait que nous pourrions mieux le préparer.
Depuis plusieurs années, l’école primaire va mal, ce dont témoignent les évaluations de la maîtrise des savoirs fondamentaux par les élèves. Comme le souligne notre rapporteur spécial, à leur entrée en sixième, quelque 82, 1 % des élèves maîtrisent les compétences de socle 1, qui portent sur la compréhension d’un texte et les notions élémentaires de vocabulaire, grammaire et orthographe. Ce qui signifie, a contrario, que près de 18 % des élèves n’ont pas atteint ce niveau à leur entrée dans le secondaire.
Ce chiffre doit être mis en perspective avec un autre, d’ordre budgétaire : le coût d’un lycéen français est de 38 % plus élevé que le coût moyen d’un lycéen dans les autres pays de l’OCDE. En d’autres termes, nous dépensons trop pour le secondaire, pas assez pour le primaire. Et cette dépense n’est pas efficiente, puisque les efforts consentis pour le collège et le lycée ont bien du mal à rattraper les retards accumulés en primaire.
Ce constat est connu et partagé, mais nous avons tardé à en tirer les conséquences. Il semblerait que le présent budget engage une inflexion en ce sens.
Il amorce en effet le nécessaire rééquilibrage budgétaire entre primaire et secondaire. Les crédits consacrés au primaire sont en hausse de 2, 3 % et 2 800 postes d’enseignants sont créés pour la rentrée 2018, en contrepartie de la suppression de 2 600 postes d’enseignants stagiaires dans le second degré et de 200 postes de personnels administratifs.
Les effets de ce rééquilibrage des moyens seront accentués par l’évolution démographique, la baisse des effectifs d’élèves dans le premier degré renforçant mécaniquement les effets bénéfiques de la mesure. L’objectif principal de cette politique est connu : réduire les effectifs des classes de CP et de CE1 au sein des réseaux d’éducation prioritaire. L’année 2018 verra ainsi le dédoublement des CP en REP.
Nous ne pouvons que soutenir très fortement cette orientation, étant donné surtout que, selon le programme international pour le suivi des acquis des élèves, la France est le pays où les résultats sont le plus fortement corrélés avec le niveau socio-économique et culturel des parents. Le rôle de la puissance publique est de casser le cercle vicieux de la prédestination sociale.
Dans la même logique, nous soutenons également la relance des stages de réussite pour les élèves les plus fragiles à leur sortie du primaire, ainsi que le rétablissement des évaluations diagnostiques en CP et à l’entrée en sixième.
En ce qui concerne le secondaire, nous comprenons bien que le collège et le lycée devraient faire l’objet de réformes ultérieures. Toutefois, comme nombre de nos collègues, nous déplorons la réduction des crédits en faveur des manuels scolaires au collège.
Nous soutiendrons donc vivement l’amendement de notre commission visant à allouer 50 millions d’euros supplémentaires à ce poste, pour éviter que cette charge ne retombe sur les départements, dont les finances sont extrêmement contraintes, alors même que l’État s’était engagé à compenser intégralement le coût induit par la réforme des programmes.