Intervention de Jacques Grosperrin

Réunion du 29 novembre 2017 à 21h15
Loi de finances pour 2018 — Enseignement scolaire

Photo de Jacques GrosperrinJacques Grosperrin :

Pour ceux-là, tout ce qui est académique est banni, tout ce qui est fonctionnel est autorisé, tant que le sens de la phrase est compris. Quelle faute, là aussi ! En effet, une Nation, d’après Renan, est une communauté de personnes fondée sur une communauté d’intérêts et le partage d’une même langue.

Certains franchissent allègrement la ligne blanche, comme Sud Éducation 93, qui propose des formations non mixtes destinées aux enseignants en stage pour analyser le racisme d’État… Je sais, monsieur le ministre, que vous avez condamné cette initiative, avec laquelle la communautarisation engagée par certains trouve sa concrétisation.

La continuité prévaut aussi, malheureusement, au niveau de nos élèves et de leurs évaluations. De fait, les résultats des enquêtes PISA, PIRLS et TIMSS et des travaux de l’OCDE et de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’éducation nationale sont inquiétants. L’évaluation du ministère à travers le cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon, dit « CEDRE », citée par Jean-Claude Carle et Françoise Cartron, a montré que l’évolution des performances entre le CM2 et la troisième régresse à l’écrit, en langues étrangères, en histoire-géographie, en mathématiques et en sciences expérimentales.

Cela pose bien sûr le problème de l’orientation. À ce sujet, je vous invite à relire l’excellent travail de notre collègue Guy-Dominique Kennel.

De fait, l’échec provoque le décrochage, voire l’abandon. Posons-nous donc la question du préapprentissage et donnons beaucoup plus de souplesse aux expérimentations. Je pense au programme « Parler bambin » de Michel Zorman, à la mallette des parents, à généraliser, ou à la cagnotte, si vite enterrée alors que certains n’avaient pas compris le sens de cette expérience, qui pouvait aider les établissements.

Cessons l’hypocrisie envers notre jeunesse, demandons à nos jeunes des efforts !

Nous vous remercions, monsieur le ministre, car nous sommes dans un processus que nous qualifions de rupture ; ou plutôt dans un tournant, un tournant décisif, après trente années de difficultés et, parfois, de manque de courage politique, par peur de voir les syndicats, les élèves et les parents descendre dans la rue – le syndrome Oussekine plane encore.

Le point de départ fut, peut-être, la loi Jospin de 1989, tristement célèbre. Mettre l’enfant au centre du processus éducatif : que n’a-t-on entendu au sujet de cette prétendue révolution copernicienne ! Il me semble pourtant bien plus intéressant de se pencher sur les neurosciences et sur les mécanismes de l’apprentissage.

Cela fait presque trente ans que chaque gouvernement a sa part de responsabilité dans la situation, et ce pour différentes raisons.

À ce jour, la bataille est culturelle, sociale, écologique, économique. Il s’agit aussi d’une bataille de civilisation. Nous devons nous retrouver autour d’un projet et d’un budget qui participent à la construction d’une nation. Jules Ferry avait déjà bien compris en 1882 qu’il fallait mettre en œuvre l’instruction publique obligatoire, en écho à la guerre de 1870.

Votre arrivée aux responsabilités, monsieur le ministre, est une chance. Un Bisontin, Jean-Pierre Chevènement, déclare même que vous êtes le meilleur ministre de l’éducation nationale depuis 1986 !

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