Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, mes chers collègues, permettez-moi de m’abstraire quelques instants d’une approche purement comptable du budget pour 2018 pour remettre celui-ci en perspective.
Un quinquennat vient de s’achever, avec sa loi de programmation militaire, sa LPM ; un autre commence et nous serons saisis, dans quelque temps, d’une nouvelle LPM.
Quel bilan tirer de ces cinq dernières années ?
La LPM pour les années 2014 à 2019 réduisait les moyens financiers et humains alloués par rapport à la précédente LPM, qui, elle-même, avait été initiée avec une forte réduction des effectifs et engageait une profonde restructuration de notre dispositif de défense.
Dans le même temps, la mobilisation de nos forces est sans précédent, tant par le nombre d’opérations extérieures – dites OPEX – que par l’intensité et la durée de celles-ci. Aujourd’hui, nous sommes engagés au Sahel, au Levant, dans des opérations de sécurité qui mobilisent l’ensemble de nos dispositifs aériens, terriens et sur mer, sans compter le territoire national, et tout cela bien au-delà du format d’engagement initialement prévu.
Chacun sait dans cette enceinte que, malgré tous les efforts, l’habileté et la détermination de votre prédécesseur, madame la ministre, sans compter son art de la communication, les inflexions qui ont été données ont été très en deçà des besoins, renvoyant la résolution des problèmes à plus tard, c’est-à-dire au prochain quinquennat et à une prochaine LPM.
Vous héritez de cette situation doublement préoccupante.
Préoccupante sur le plan de nos forces. La régénération des matériels n’est pas assurée. Le maintien en condition opérationnelle des hommes et des matériels est compromis par une suractivité, qui n’est pas compatible avec l’entraînement des personnels et l’entretien des matériels. Les conditions matérielles de nos soldats sont insatisfaisantes et l’état du patrimoine immobilier, dans lequel ils évoluent, déplorable, expliquant largement les difficultés en matière de fidélisation.
Préoccupante quant à l’état de la menace. Nous vivons dans un monde de plus en plus dangereux. L’objectif d’atteinte du seuil de 2 % du produit intérieur brut – PIB – en 2025 doit être apprécié à l’aune d’une réalité inquiétante.
Les dépenses militaires mondiales représentent aujourd’hui 2, 3 % du PIB mondial. Le budget militaire de la Chine est quatre fois supérieur au nôtre et les États-Unis envisagent d’augmenter le leur de 54 milliards de dollars pour avoisiner les 700 milliards de dollars. Jamais on n’a vendu autant d’armes dans le monde. Peu de pays vivent vraiment en paix. La menace est diffuse sur notre sol.
Les modes opératoires de nos adversaires et leur détermination ne nous permettent plus de différer nos décisions. On ne peut plus demander toujours plus à nos armées pour protéger les citoyens face à une insécurité accrue, sans leur donner les moyens de cette exigence.
Madame la ministre, c’est au cours de ce quinquennat et dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire que tout se jouera !
Cette situation, vous la connaissez, et je veux saluer votre détermination, qui se traduit par quelques avancées dans le budget pour 2018.