Intervention de Patrick Kanner

Réunion du 23 janvier 2018 à 14h30
Questions d'actualité au gouvernement — Population kurde i

Photo de Patrick KannerPatrick Kanner :

Permettez-moi tout d’abord, monsieur le président, de vous remercier des félicitations que vous m’avez adressées.

Monsieur le Premier ministre, depuis samedi dernier, plusieurs villes de la région d’Afrin, au nord de la Syrie, sont pilonnées par les forces armées turques. Ciblant des sites militaires de l’YPG, acronyme désignant les unités de protection du peuple, organisation faisant partie des forces démocratiques syriennes, ces bombardements ont fait de nombreuses victimes civiles, dont des enfants.

Cette situation est aussi dramatique qu’inquiétante, et ce à plus d’un titre.

Elle est dramatique, parce que cette zone gérée par les Kurdes était l’une des rares parties du pays à avoir été épargnée jusqu’alors par les combats.

Elle l’est également parce que ce conflit, complexe du fait du nombre et de l’opacité des acteurs en présence, charrie depuis ses origines les germes d’un embrasement régional. En intervenant, troupes au sol à l’appui, Ankara prolonge le conflit et bouscule le rapport de force au sein des forces libres syriennes, éloignant un peu plus les perspectives de paix. Le président Erdogan, reçu par l’Élysée en début d’année, a d’ailleurs déclaré qu’« il n’y aura pas de retour en arrière ».

Pourtant, mes chers collègues, l’YPG est connue pour ses faits d’armes contre l’État islamique et a contribué largement à la défaite de ce dernier sur le terrain. C’est donc une composante essentielle du front commun contre le terrorisme qui est aujourd’hui attaquée.

La situation est inquiétante, enfin, parce qu’il s’agit d’une intervention militaire d’un État membre de l’Alliance atlantique menée en violation des règles les plus élémentaires du droit international. La France a été à l’initiative de la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies sur le sujet. Pouvez-vous nous informer de l’issue de cette réunion, monsieur le Premier ministre ?

Nous souhaitons également savoir quelles mesures la France envisage de prendre pour que cette opération, baptisée de manière provocante « Rameau d’olivier », soit stoppée et qu’un cessez-le-feu intervienne dans les plus brefs délais, alors que les États-Unis semblent se désengager totalement de cette région. Il y a urgence, monsieur le Premier ministre.

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