Monsieur le directeur général, jusqu'à mon entrée au Sénat, j'ai travaillé pendant 40 ans à l'agence de développement économique du Haut-Rhin, département riverain immédiat de l'Allemagne. J'ai donc pu faire des comparaisons, d'autant plus que notre département comptait de nombreuses implantations d'entreprises allemandes qui exportaient ensuite pour le compte de la France.
Je partage votre analyse sur la faible efficacité de notre dispositif de stimulation des exportations ; il fallait donc l'améliorer. Je soutiens totalement votre nouvelle stratégie d'équipe France territorialisée. Si cette restructuration me paraît une condition nécessaire, je ne suis pas convaincu qu'elle soit suffisante : en effet, le meilleur entraîneur d'une équipe de football n'a aucune chance de gagner le Championnat de France avec une équipe de troisième division !
La comparaison avec l'Allemagne me paraît intéressante. La capacité d'exportation de ce pays n'est pas du tout innée, elle a été construite. En effet, ce pays s'appuie principalement sur trois leviers pour ses exportations. Premièrement, son tissu économique est radicalement différent de celui de la France : la force de l'économie allemande, c'est le grand nombre d'entreprises familiales de 500, 1 000 ou 5 000 salariés, alors qu'en France, depuis 50 ans, tout a été fait pour favoriser les grands groupes au détriment des entreprises de taille intermédiaire - j'ai fait un jour dresser la structure des entreprises dans le département du Haut-Rhin et j'ai été effaré de constater le faible nombre d'entreprises familiales de plus de 50 salariés, qui ont presque toutes disparu, évolution flagrante depuis les années 50. Deuxièmement, la structure bancaire allemande est régionalisée, ce qui permet aux entreprises de prendre appui sur une banque régionalisée ; en France, on ne compte plus de banques régionales - en Alsace, le Crédit industriel d'Alsace et de Lorraine a été absorbé par une banque nationale. Troisièmement, sur le plan culturel, dans une entreprise allemande, le commercial est beaucoup mieux considéré que l'ingénieur, fût-il polytechnicien.